Le DG d'Air France promet une baisse de la rémunération du Comex en 2017 pour tenter de calmer la grogne sociale

Après la grogne des syndicats provoquée par l'annonce brouillonne de la direction sur la hausse de la rémunération du Comité exécutif, Franck Terner, le directeur général d'Air France, assure dans un courrier envoyé à l'ensemble des salariés, que la rémunération du Comex diminuera de 10% en 2017. Cette baisse sera la conséquence de la réorganisation du Comex en novembre. La direction tente ainsi de déminer la grogne des syndicats avant les négociations salariales qui débuteront le 7 mars.
Fabrice Gliszczynski
Dans son courrier, Franck Terner s'est dit « désolé » de cet épisode « qui est le résultat d'une grossière erreur de calcul et de présentation », selon lui.

Opération déminage. Pour tenter de calmer la grogne des syndicats provoquée par l'annonce la semaine dernière d'une hausse de rémunération du Comité exécutif d'Air France de 17,6% en 2016 et de la communication pour le moins brouillonne dont elle a fait l'objet de la part de la direction, le directeur général d'Air France, Franck Terner, a assuré, dans un courrier envoyé à l'ensemble des salariés que La Tribune s'est procuré, que la rémunération du nouveau Comité exécutif qu'il a mis en place fin 2016 baissera de 10% en 2017. «Je veillerai à ce que cette diminution soit respectée», a-t-il dit.

Les syndicats scandalisés

Jeudi, lors d'un CCE, des membres de la direction ont fait état à l'oral d'une hausse de 41% tandis que les documents préparatoires du CCE indiquaient une progression de 67%. Le lendemain, la direction avait reconnu avoir fait une erreur de calcul, et avait affirmé que la hausse de rémunération s'était élevée à 17,6% l'an dernier. Certains syndicats s'étaient déclarés "scandalisés".

"Rappelons que les salariés d'Air France n'ont pas été augmentés depuis 5 ans, ont perdu des acquis en nombre (congés, temps de travail, ancienneté, nouvelle grille d'emplois et de rémunération...)", avait notamment souligné la CGT.

Un couac qui a sérieusement énervé Jean-Marc Janaillac, le PDG d'Air France-KLM et président d'Air France, alors qu'il savourait à peine le "oui" des pilotes à son projet de création d'une nouvelle compagnie à coûts réduits.

Lire ici : Polémique autour de la rémunération du Comex d'Air France

"Une grossière erreur de calcul"

Dans son courrier, Franck Terner s'est dit « désolé » de cet épisode « qui est le résultat d'une grossière erreur de calcul et de présentation », selon lui.

"Une information inexacte a été communiquée au Conseil d'Administration et au Comité Central d'Entreprise d'Air France s'agissant de la rémunération des membres du Comité Exécutif (salaire de base 2016 et part variable 2015 perçue en 2016). Le chiffre de 4,8M€ qui a été initialement publié intégrait des sommes qui n'auraient pas dû être imputées à cette rubrique", a-t-il indiqué en précisant comprendre l'émotion des salariés.

Face à  cette émotion légitime, Franck Terner a donné sa version des faits.

"Le total des rémunérations versées au Comité Exécutif est passé de 3,4M€ en 2015 à 4M€ en 2016, soit une hausse de 17,6%. Ceci ne signifie absolument pas que les membres du Comité Exécutif ont été augmentés individuellement de 17,6%. En effet, sur ces 17,6%, 12% proviennent d'une modification de la taille et de la structure du Comité Exécutif : ses membres ont été plus nombreux et plus "senior" en 2016 qu'en 2015. Les 5,6% restants correspondent pour l'essentiel à l'augmentation des parts variables, liée à l'amélioration des résultats en 2015 par rapport à 2014. Ce même mécanisme conduira à l'inverse à une baisse de la rémunération variable 2016 (versée en 2017), du fait des résultats 2016 inférieurs à ceux de 2015", a-t-il expliqué.

Et d'ajouter "que le montant de la rémunération moyenne perçue par les membres du Comité Exécutif d'Air France en 2016 est inférieur de 7% à celui de 2012. Les cadres dirigeants ont vu leur rémunération baisser en valeur absolue quand Air France perdait de l'argent. Par ailleurs, ces rémunérations sont inférieures, à responsabilités équivalentes, à celles perçues par les cadres dirigeants de nos principaux concurrents".

Pas sûr pour autant que cela soit suffisant pour calmer les syndicats. Cet épisode constitue un argument de poids pour peser dans les négociations salariales qui débutent prochainement. Certains, comme le syndicat minoritaire des pilotes Alter a déjà déposé un préavis de grève. D'autres syndicats pourraient suivre.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 11
à écrit le 28/02/2017 à 19:01
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C'est la même chose dans toutes les grandes entreprises françaises !! Ces gens la ruinent LA CROISSANCE française dont on nous rebat les oreilles tous les jours et dont on rend responsables les salariés et le coût du travail....... Vous êtes en train...

le 01/03/2017 à 8:05
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Le cout du travail est élevé en France à cause de notre démographie (effet du baby boom) et du mode de financement des retraites basé sur des cotisations sociales à la charge des entreprises. Il faut financer les retraites par une taxe sur l'énergie....

à écrit le 28/02/2017 à 16:06
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c'est quoi cette bague à son doigt? il fait dans la joaillerie ?

à écrit le 28/02/2017 à 15:35
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Ce scénario est identique dans pratiquement toutes les grosses boites , cette caste d'individus demande des efforts et des sacrifice aux salariés, horaire de travail, mobilité forcée, disparition de primes diverses ,gel des salaires etc.. pendant que...

à écrit le 28/02/2017 à 14:56
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La grogne sociale semble piloter la France de nos jours. C'est le ressentiment accumulé qui crée les guerres, guerres civiles ou guerres de libération. La France n'est plus la douce France de la prospérité et du sourire partagé.

à écrit le 28/02/2017 à 14:08
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Méprisant pour les salariés de la compagnie ! Comme beaucoup d’autres les dirigeants d’Air France montrent au travers de ces comportements à quel point ils ne sentent pas concernés par les efforts qu’ils imposent aux autres…. Consternant . C’est co...

à écrit le 28/02/2017 à 13:38
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Je suis écœuré, démoralisé, atterré par de telles arguties. Il est trop tard, messieurs, partez, nous ne vous faisons plus confiance. Comment motiver nos équipes alors que vous, la direction, vous montrez le mauvais exemple. Je suis rentré dans ce...

à écrit le 28/02/2017 à 13:30
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Meme s'il ne reste que ( ! ) 5.6% de hausse , face à des gens dont le salaire est bloqué depuis 5 ans , une inflation quasi nulle et qui vont de plans de départ en plans de départ , pas besoin de faire l'X pour deviner que c'est inaudible .

à écrit le 28/02/2017 à 13:16
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La solution consiste à financer les retraites par une taxe sur la consommation d'énergie. Qui le comprendra?

à écrit le 28/02/2017 à 12:13
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Le style de tous les dirigeants qui se croient irremplaçables et ultra compétents avec les résultats que l'on connait. Je m'augmente de 40% et je baisserai la part fixe l'année prochaine que je compenserai par la part variable, faut pas déconner tout...

à écrit le 28/02/2017 à 12:07
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Il est évident que plus la crise s'installe et plus ces différences aberrantes de redistributions salariales vont avoir du mal à passer. C'est entièrement logique, et ils seront contents les vassaux de l'oligarchie quand ils ne se feront déchirer que...

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