Air France : le retour des tensions sociales

Alors que les négociations ont repris avec les pilotes, la direction a proposé aux PNC un projet de nouvel accord collectif ouvert à signature jusqu'au 15 mars. Deux des trois syndicats représentatifs ont déjà refusé de le signer. Sans accord, la direction pourra imposer de manière unilatérale ses conditions de travail et de rémunération.
Fabrice Gliszczynski

Grosses tensions sociales à nouveau à Air France. Dans un contexte tendu avec la polémique qui a eu lieu sur la hausse de rémunération du comité exécutif d'Air France à la veille de l'ouverture des négociations salariales annuelles obligatoires, le SNPL, le syndicat majoritaire des pilotes de ligne, et la direction ont repris les négociations sur la définition d'un nouvel accord collectif à Air France et sur les conditions de création d'une compagnie à coûts réduits (projet Boost), après que le SNPL ait refusé de signer l'accord soumis à signature par la direction le 8 février. Même si les pilotes ont approuvé par référendum la création d'une telle compagnie, le conseil du SNPL a sommé son exécutif de renégocier certains points. La direction a accepté. L'un des sujets porte notamment sur le risque juridique qui planerait sur le projet Boost selon le SNPL, et plus précisément un  risque de "délit de marchandage". Une hypothèse balayée d'une main par la direction. "Il n'y a aucun risque", assure-t-on.

Les PNC ne signent pas

Du côté des PNC (personnels navigants commerciaux), la situation est très complexe, en grande partie à cause de la division syndicale du fait de la présence de trois organisations représentatives du personnel, représentant près de 30% des voix chacune (l'UNAC, le SNPNC et l'UNSA). Hostiles au projet Boost et à la mise en place de nouveaux efforts de productivité dans le prochain accord collectif, le SNPNC et l'UNSA ont quitté la table des négociations depuis mi-février, laissant l'UNAC négocier le nouvel accord collectif avec la direction, alors que l'accord actuel, déjà prolongé cet automne de quelques mois pour donner une chance à la négociation, expirait le 28 février.

La direction pourra appliquer ses règles de manière unilatérale

Sur la base de ces négociations avec l'UNAC, la direction a soumis à signature jusqu'au 15 mars deux projets. L'un à durée déterminée (4 ans) sur les conditions de travail et de rémunération, qui contient quelques mesures d'amélioration de la productivité des hôtesses et stewards, l'autre précisant des garde-fous sur le projet Boost (clauses périmétriques, pas de transfert des PNC d'Air France vers cette nouvelle compagnie, mais des passerelles de Boost à Air France). N'ayant pas participé à la négociation, le SNPNC et l'UNSA ont d'ores et déjà prévenu sur Twitter qu'ils ne signeraient pas cet accord, tandis que l'UNAC va consulter ses adhérents. Pour autant, même une signature de l'UNAC sera insuffisante pour signer cet accord. Du coup, les PNC vont se retrouver à la merci de la direction qui peut imposer de manière unilatérale ses conditions. Pour l'heure, jusqu'à fin avril, les règles actuelles s'appliquent. C'est le laps de temps nécessaire pour informer la DGAC (la direction générale de l'aviation civile) des nouvelles règles qui seront instaurées au sein d'Air France.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 4
à écrit le 02/03/2017 à 13:27
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Après fin avril nous disposons juridiquement de 12 mois plus 3 mois donc 15 mois en tout avant que la direction ´´nous impose" quoi que ce soit...

à écrit le 02/03/2017 à 8:37
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La France est a la derive, comme ses pilotes du reste. Tous sans exception y compris ceux qui sont en charge des "affaires" du pays. l'atterissage va etre brutal.

à écrit le 02/03/2017 à 8:36
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Cette direction n'est plus crédible. Elle doit partir. Comment peut elle croire que les PNC vont accepter sans se révolter une dégradation de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Alors que: 1) AFKLM fait plus de 1millard d'euros de b...

à écrit le 02/03/2017 à 8:22
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Autrement dit, la DGAC a deux mois pour réagir et présenter la bonne solution.

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