Air France : les syndicats de PNC assignent en justice la direction «pour négociations déloyales»

Par latribune.fr  |   |  533  mots
Initialement l'accord collectif s'achevait fin octobre 2016, mais faute d'accord à cette échéance-là, la direction l'avait reconduit jusqu'à fin février, le temps de négocier un accord.
Le SNPNC et l'UNSA, deux des trois syndicats représentatifs des hôtesses et stewards attaquent la direction en justice au moment où la direction, faute d'accord sur un nouvel accord collectif, va imposer ses règles pour les trois prochaines années.

Nouveau bras de fer à Air France. Après les actions en justice de la direction contre le syndicat national des pilotes de ligne en 2015 pour demander l'application du solde des mesures d'économies du plan Transform, achevé fin 2014, c'est cette fois deux syndicats d'hôtesses et de stewards (personnels navigants commerciaux ou PNC) qui attaquent la direction en justice.

Le SNPNC et l'UNSA, deux des trois syndicats représentatifs des PNC ont assigné la compagnie en référé devant le tribunal de grande instance de Bobigny "pour enjoindre Air France à reprendre des négociations loyales et globales". L'audience aura lieu le 9 juin prochain. Une décision qui suit près de trois ans de conflit entre ces deux syndicats et la direction, marqués par deux grèves, l'une l'été dernier, l'autre en mars.

Echec des négociaitons

Cette décision intervient alors que la direction va imposer de manière unilatérale les conditions de travail et de rémunération des PNC pour trois ans, faute d'avoir recueilli les signatures syndicales suffisantes à sa proposition de nouvel accord collectif mise sur la table fin février et qu'avait signée l'Unac, le seul des trois syndicats à l'avoir d'ailleurs négocié après que les deux autres ont quitté la table des négociations vers le 20 février.

Les nouvelles règles ne seront pas très éloignées de celles négociées avec l'Unac. Elles "reprennent l'essentiel des dispositions de l'accord" accepté par l'Unac, "à l'exception de quelques évolutions", et "conservent les éléments essentiels" de l'actuel accord d'entreprise, indique la direction. Selon elle, "le mode de calcul de la rémunération" et les évolutions de carrière "restent inchangés", sauf pour les futurs embauchés dont les "évolutions d'échelons" seront freinées les trois premières années. "Le nombre de jours de congés annuels est maintenu, la pose de congés reste identique avec une durée minimale de 4 jours", écrit-elle encore.

Initialement l'accord collectif s'achevait fin octobre 2016, mais faute d'accord à cette échéance-là, la direction l'avait reconduit jusqu'à fin février, le temps de négocier un accord. D'une manière générale, les deux syndicats refusent tout nouvel effort de productivité.

"La direction n'a pas permis aux organisations syndicales demanderesses de négocier dans des conditions normales et loyales, ni sur l'accord collectif PNC, ni sur le projet Boost", expliquent le SNPNC et l'UNSA dans leur assignation.

Projet Boost

Le projet Boost consiste à créer une compagnie à coûts réduits par rapport à Air France, essentiellement du fait du recrutement sur le marché du travail de PNC 40% moins coûteux que ceux d'Air France. Ces deux syndicats voulaient englober dans une même négociation celle concernant le nouvel accord collectif et celle sur les conditions de la nouvelle filiale, comme le font les pilotes. Ces derniers peuvent le faire car ce seront des pilotes d'Air France qui feront voler les avions de Boost. A noter qu'Air France avait soumis à signature un accord limitant le périmètre de Boost à 28 avions. Seul l'UNAC l'a signé.

Les deux syndicats demandent au tribunal d'enjoindre Air France à reprendre des négociations loyales et globales.