Air France, "une période difficile va s'ouvrir", prévient le chef des pilotes

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  461  mots
Après l'échec des négociations entre les syndicats de pilotes et la direction mercredi, Gilles Laurent, pilote, directeur général en charge des opérations aériennes, estime dans un courrier envoyé aux pilotes de la compagnie que les efforts demandés "étaient supportables", notamment en comparaison du scénario qui s’annonce aujourd’hui.

Après l'échec des négociations entre les syndicats de pilotes et la direction mercredi, le conseil d'administration d'Air France-KLM se réunit ce mercredi à Amsterdam pour analyser la situation. Il risque d'enclencher le fameux plan B, d'attrition de l'activité. Ce matin, Gilles Laurent, pilote et directeur général des opérations aériennes a envoyé un courrier à tous les pilotes de la compagnie pour déplorer l'issue des négociations et « donner sa perception des choses, à l'aube de la période de grande incertitude qui s'ouvre pour la compagnie, et pour nous pilotes ».

"Les enjeux cruciaux n'étaient pas intégrés par les syndicats"

Ce dernier estime que «malgré une entrée en négociation très tardive des organisations professionnelles, tout était encore possible il y a 10 jours» mais «qu'au fil de l'avancée des réunions, j'ai mesuré à quel point les enjeux cruciaux de cette négociation n'étaient pas intégrés de la même façon par les organisations professionnelles».
 
Pointant l'énorme sentiment de défiance qui existe entre les représentants des syndicats (SNPL et Spaf) avec la direction, Gilles Laurent « invite chacun, honnêtement, à s'interroger sur la sienne », lui le premier.

"Les objectifs étaient atteignables"

«Ma conviction est que les objectifs fixés étaient atteignables. C'était une contribution importante mais réaliste. Bien sûr, j'ai conscience en tant que pilote, que les efforts demandés étaient conséquents et avaient des répercussions d'un point de vue professionnel, personnel et même familial. C'est aussi pour cette raison que les négociations portaient sur un ensemble de leviers mais je persiste à penser que les efforts demandés étaient supportables, notamment en comparaison du scénario qui s'annonce aujourd'hui», écrit-il.
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Et d'ajouter : «désormais, une autre partition va se jouer pour nous pilotes comme pour l'ensemble des catégories de personnel. Une période difficile va s'ouvrir».

"Les pires conditions en Europe"

Un point de vue que ne partage pas un syndicaliste. «Ce que l'on nous demandait constituait à mettre en place les pires conditions de travail en Europe », explique l'un d'eux.

Le plan B implique en effet des départs contraints chez les pilotes (plus de 300) et, probablement, sur la remise à plat d'un certain nombre d'accords. Notamment celui qui définit le périmètre de l'entreprise, lequel s'achève fin mars 2016.

En cas de plan B, les hôtesses et stewards seront également touchés par des licenciements. Le personnel au sol des escales les moins compétitives, comme Marseille, aussi. Le plan de départs des autres personnels au sol se feront sur la base du volontariat. Les suppressions de postes pourraient s'élever jusqu'à 8.000 personnes selon certains syndicats. Pour d'autres, il devrait avoisiner les 5.000 personnes.