Alstom sera-t-il privilégié dans les appels d'offres en cours ? Un concurrent le craint

Par latribune.fr  |   |  519  mots
En lice dans deux appels d'offres en France face à Alstom, le constructeur espagnol CAF, redoute que la polémique créée par le projet du groupe français de fermer partiellement son site de Belfort ne vienne "parasiter" ces appels d'offres passées par le STIF et la RATP.

Après l'emballement médiatique autour de la fermeture du site de Belfort, les déclarations du chef de l'Etat indiquant lundi qu'il fallait "apporter des commandes à Alstom", l'énumération le lendemain des cinq dossiers en cours pouvant sauver le site de Belfort par secrétaire d'Etat aux Transports, le constructeur espagnol CAF,craint un parasitage des les appels d'offres en cours.

"Nous sommes vigilants et attentifs à ce que le climat actuel ne vienne pas perturber la concurrence entre entreprises", a déclaré dans les Echos, Francis Nakache, directeur général de CAF France.

En lice dans deux appels d'offres

Le groupe espagnol est en lice pour deux appels d'offres : le premier portant sur 12 locomotives pour la RATP et le second pour 274 RER NG (nouvelle génération) en Île-de-France, un contrat d'une valeur de 3,5 milliards d'euros. Deux contrats évoqués par Alain Vidalies. La construction des 12 locomotives assurerait, selon lui, « 3 ou 4 mois d'activité à Belfort ». Le contrat géant du STIF (syndicat des transports d'Île-de-France) ne concerne pas à proprement parler Belfort.

«Certes, ce n'est pas directement de la production à Belfort. Mais si Alstom remporte ce marché, qu'il y ait potentiellement de l'ingénierie qui soit rapatriée sur Belfort pour nourrir l'activité du site pendant la période qui nous préoccupe ne me paraît pas impossible à envisager», a fait valoir Alain Vidalies.

La pression est forte sur les épaules de ces décideurs du STIF et de la RATP. Si CAF était choisi au détriment de l'industriel français, le retentissement serait énorme.

 Lever l'ambiguïté

 "Nous avons respecté tous les critères et nous ne pouvons pas concevoir qu'une procédure aussi normée puisse être parasitée par des considérations extérieures. Nous souhaitons que toute ambiguïté soit levée au plus vite", ajoute le dirigeant au sujet du marché des RER de nouvelle génération,

Déjà, sur la préparation du cahier des charges de l'appel d'offres que va lancer l'Etat d'ici à la fin de l'année pour une vingtaine de trains d"équilibre du territoire, Alain Vidalies a déjà fait le choix de la vitesse : 200 km/h qui, comme il le reconnaît "n'est pas le mauvais choix pour Alstom".

"Alstom paye son addiction à la commande publique"

Dans une tribune publiée dans les Echos, le député PS de Gironde Gilles Savary estime pour sa part qu'Alstom paye son "addiction" aux commandes publiques en France.

"Sur le marché français, Alstom Transport est accoutumé au quasi-monopole d'une commande publique qui n'est pas si naïve que ce qu'en pensent les naïfs. Elle y dispose d'un droit de tirage quasi discrétionnaire sur la SNCF et sur nos autorités organisatrices de transports, auxquels elle impose ses prix et sa gamme, sans concurrence effective", estime le député.

Gilles Savary plaide pour que les sites français du groupe, jusqu'à présent essentiellement dédiés selon lui à la commande publique française, puissent bénéficier du dynamisme du groupe à l'international où Alstom a notamment décroché une mégacommande aux Etats-Unis.