Autolib' à l'heure des comptes

Par Mounia Van de Casteele, avec AFP  |   |  575  mots
Le Conseil de Paris a voté mardi, sur proposition de Danielle Simonnet (Parti de gauche), une demande d'"étude indépendante" qui se recoupera avec cet audit.
Le syndicat Autolib' Métropole, qui réunit les communes accueillant Autolib', a annoncé mardi qu'il engageait un audit des comptes du système d'auto-partage géré par le groupe Bolloré, des élus parisiens (Les Républicains) s'inquiétant des risques de facture "salée" pour les contribuables.

Il est temps de vérifier les comptes d'Autolib'. Le syndicat Autolib' Métropole, qui regroupe les communes hôtes du service d'auto-partage, géré par le groupe Bolloré jusqu'en 2023, a en effet annoncé un prochain audit. Cet "examen financier rigoureux, confié à un cabinet indépendant, permettra de confirmer ou d'infirmer" les chiffres récemment annoncés par le groupe Bolloré d'un déficit potentiel de 179 millions d'euros du service, indique un communiqué.

"Alors que son plan d'affaires initial prévoyait un bénéfice substantiel à l'horizon de la fin du contrat, le délégataire a revu ses prévisions à la baisse, en faisant état d'un déficit potentiel de 179 millions d'euros, dont 60 millions seraient contractuellement à la charge du délégataire", poursuit-il. Si bien que quelque 119 millions resteraient donc à la charge de la centaine de communes qui accueillent ce service "innovant". Une situation que "déplore" le syndicat Autolib' Métropole.

Des conclusions début mars

C'est pourquoi l'audit "s'accompagnera de préconisations en vue d'un retour à l'équilibre d'ici 2023, aux fins de préserver ce service public pionnier et unique au monde par son ampleur, auxquels les usagers sont très attachés. Les conclusions de ce rapport sont attendues d'ici début mars", conclut le syndicat.

Ce dernier rappelle cependant qu'Autolib', né en 2011, est un "succès considérable", avec 100.000 abonnés annuels, près de 5 millions de locations en 2016 (+11% par rapport à 2015) et une couverture territoriale qui s'est étendue d'une quinzaine à 100 collectivités. Cela dit, une récente étude du cabinet 6t - qui sera régulièrement mise à jour - a fait état d'une chute du nombre de locations par abonnés, qui serait due à un effet de seuil structurel lié à la baisse de la disponibilité des voitures. Les auteurs de l'étude évoquent ainsi l'hypothèse d'un report modal de la part des usagers "découragés", qui, selon eux, ont perdu un certain "réflexe Autolib'". "Si la tendance perdure, elle pourrait constituer un véritable "plafond de verre" empêchant le service de d'atteindre l'équilibre financier", analyse 6t.

Quoi qu'il en soit, les élus Les Républicains ont interpellé l'exécutif parisien sur cette question à l'occasion du Conseil de Paris. "Qui va supporter ces pertes ?", a lancé Jean-Didier Berthault. "La facture promet d'être salée" pour les contribuables des 100 communes concernées, qui risquent selon lui de devoir mettre la main à la poche, a-t-il dit.

Pour Paris, ce sera "65 millions de pertes" pour une capitale "déjà au bord du gouffre financier en raison de ses grandes orientations budgétaires", en dépit des hausses du tarif d'Autolib prévue en février, a ajouté l'élu.

Des pertes supportées par qui ?

Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, a répondu que l'exécutif parisien "considérait la possibilité d'un tel déficit avec la plus grande gravité. Il n'est pour nous pas envisageable qu'il soit compensé par les villes, et donc par les contribuables". L'élu parisien a justifié ainsi la décision de lancer cet audit afin "d'analyser finement la gestion du service et ses coûts réels", pour pouvoir proposer des mesures d'amélioration et pérenniser un service apprécié.

Le Conseil de Paris a ensuite formellement voté mardi, sur proposition de Danielle Simonnet (Parti de gauche), une demande d'"étude indépendante" qui se recoupera avec cet audit.

(Avec AFP)