Choisi par l'Etat, le duo Keolis-RATP exploitera CDG Express avec des trains Alstom

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  567  mots
Keolis et RATP Dev ont choisi les trains Coradia Liner d'Alstom qui seront adaptés à la clientèle aéroportuaire
Le groupement constitué par Keolis (groupe SNCF) et RATP Dev a remporté son duel franco-français face à Transdev. Il a été retenu lundi pour exploiter le futur train rapide CDG Express qui doit relier Paris à l'aéroport de Roissy en 20 minutes, à temps pour les jeux Olympiques de 2024.

Sauf énième coup de théâtre dans ce dossier vieux de près de 20 ans, Keolis et RATP Dev, les filiales respectives de la SNCF et de la RATP,  exploiteront CDG Express, la ligne ferroviaire qui doit relier pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024 le terminal 2 de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle au centre de la capitale en 20 minutes. Regroupé sous la bannière "Hello Paris", le duo a été retenu ce lundi par l'Etat pour exploiter cette ligne de 32 kilomètres de long, au détriment de Transdev, le seul autre groupe à s'être porté candidat pour ce marché. Ayant probablement eu vent que cette décision défavorable se dessinait, la filiale de la Caisse des Dépôts la déposé plainte début novembre devant l'Autorité de la concurrence.

Contrat signé d'ici à fin janvier 2019

 Qualifié de "titulaire pressenti", l'équivalent de "prefered bidder" sur les marchés internationaux, le groupement "Hello Paris" entre donc en négociations exclusives avec l'Etat pour définir les termes du contrat d'exploitation de cette ligne. Un stade similaire à celui de Vinci il y a moins de dix ans qui ne s'était jamais concrétisé. Cette fois, le processus devrait aller au bout; l'Etat et les industriels évoquant même la possibilité de signer le contrat d'ici à la fin janvier 2019.

Trains Coradia d'Alstom

Le contrat comprend une période de préparation de cinq ans (2019-2023), suivie d'une période d'exploitation de 15 ans (2024-2038). Il prévoit des départs tous les quarts d'heure et tous les jours de 05H00 du matin à minuit. Alors que Transdev comptait utiliser des trains du constructeur ferroviaire suisse Stadler, encore inconnu dans le pays, le duo Keolis-RATP Dev a joué la carte nationale en optant pour les trains Coradia Liner d'Alstom, déjà éprouvés. Choisi par la SNCF pour remplacer les trains Corail, le Coradia Liner est la version dérivée du train régional Regiolis, adaptée dans l'absolu à des distances plus longues avec un confort amélioré.

"Hello Paris" table sur un trafic de 9 millions de passagers par an. Le trajet doit coûter 24 euros. Le nouveau train direct sera en concurrence avec ce RER B, qui, lui, relie tous les terminaux de Roissy à la gare du Nord puis tout Paris, bien moins cher (le trajet est même aujourd'hui inclus dans le pass navigo à tarif unique), mais long et souvent bondé. CDG Express sera également en concurrence -à partir de 2030 si tout va bien- avec la ligne 17 du futur métro du Grand Paris qui reliera La Défense à l'aéroport.

Quelle conséquence de la plainte de Transdev?

Battu dans cette première grande compétition de l'ouverture du ferroviaire à la concurrence, Transdev n'a pas fait de commentaire. Quelle conséquence pourrait avoir sa plainte qui, d'ailleurs, n'a pas été rendue publique. Plusieurs sujets sont examinés par l'Autorité de la concurrence, croit savoir le magazine spécialisé Ville, Rail & Transports, notamment le fait que Keolis et RATP Dev -via leurs sociétés mères la SNCF et la RATP- sont déjà en situation monopolistique sur le réseau ferroviaire en Ile-de-France. ar ailleurs, en annonçant leur alliance avant même le lancement de l'appel d'offres, elles auraient de fait découragé toute tentative d'implantation de la part d'opérateurs étrangers. Seul Transdev avait répondu à l'appel d'offres.