Déraillement mortel du TGV : le parquet de Strasbourg accable la SNCF et Systra

Par latribune.fr  |   |  398  mots
En juillet et août 2016, l'enquête judiciaire alors en cours avait mis en évidence une vitesse excessive comme cause "unique" du déraillement du TGV, tombé dans un canal en Alsace après avoir abordé à 265 km/h une courbe où la vitesse était prévue à 176 km/h. Ce premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV avait fait 11 morts et 42 blessés parmi les 53 personnes qui se trouvaient à bord.
Manque de compétences, d'informations, de coordination... les conclusions du parquet de Strasbourg sont accablantes.

Nouvelle étape dans l'affaire du premier déraillement mortel dans l'histoire du TGV qui s'est produit le 14 novembre 2015 à Eckwersheim, en Alsace. Samedi 28 octobre, selon France3, le parquet de Strasbourg a communiqué aux familles et aux victimes de l'accident les conclusions définitives de l'enquête judiciaire. L'accident, qui s'était produit non pas en service normal mais pendant un essai de vitesse auquel avaient été invitées de nombreuses personnes non-salariées de l'entreprise, a fait 11 morts et 42 blessés.

La responsabilité de la SNCF et de sa filiale Systra, chargée des essais, serait accablante : les conclusions de l'enquête rapportées par France 3 Grand Est mettent en cause notamment "l'inexpérience des personnels chargés de faire les essais en survitesse, manque de formation de ces personnels, manque de coordination avec la SNCF et de briefings pour préparer les essais, manque de rigueur dans l'organisation des essais".

Systra avait demandé un essai en survitesse

Les conditions de cet essai en "survitesse" sont également précisées :

"Systra, la filiale de la SNCF a demandé à l'équipage de procéder à des essais en survitesse à 10% de plus que la vitesse de conception de la ligne, et non la vitesse de commercialisation. Donc l'essai à 330 km/h a été validé au lieu de 187 km/h sans justification ni information au personnel d'essai", explique Florence Grandon, la journaliste de France3.

Un premier rapport du 19 novembre 2015 avait déjà pointé la vitesse excessive et non maîtrisée:

"Si le freinage avait débuté un kilomètre plus tôt au moins, le TGV n'aurait pas déraillé samedi 14 novembre", selon le rapport d'enquête immédiate de la SNCF dévoilé jeudi.

La colère des victimes

Selon RTL, "ces conclusions suscitent la colère des victimes", citant une mère dont la fille alors âgée de 25 ans, est décédée dans l'accident, qui interpelle :

"Pour quelle raison la SNCF n'est-elle pas encore mise en examen ?"

En août 2016, un rapport du cabinet Technologia avait été remis au CHSCT de Systra qui pointait déjà un enchaînement de dysfonctionnements dans les procédures comme dans la chaîne de commandement. Filiale de la SNCF et la RATP, la société d'ingénierie Systra emploie 5.000 salariés.

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