Emirates va augmenter ses capacités de 10% en France (et encore plus demain ? )

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  642  mots
Il y a fort à parier qu'Emirates revienne très vite à la charge pour obtenir de nouveaux vols à Paris et en régions. (Crédits : Kacper Pempel)
Malgré le gel des droits de trafic aux compagnies du Golfe, le transporteur de Dubaï a obtenu le feu vert pour passer de 20 à 21 vols par semaine à Paris, et de 5 à 7 vols hebdomadaires à Lyon.

En août, Emirates augmentera sa capacité en sièges en France de 10%. La compagnie de Dubaï a en effet récemment obtenu l'autorisation d'ajouter deux vols hebdomadaires sur la ligne Dubaï-Lyon à partir du 2 août et un autre sur la ligne Dubaï-Paris à partir du 7 août, qui lui permettront d'assurer trois vols quotidiens à Roissy-Charles-de-Gaulle et un vol par jour à Lyon-Saint-Exupéry.

Gel des droits de trafic

S'il répond à une vieille demande de la part d'Emirates, ce feu vert des autorités françaises a de quoi surprendre. Il intervient en plein pendant les Assises du transport aérien, qui visent à améliorer la compétitivité du transport aérien français, et va à l'encontre des doléances d'Air France et de ses syndicats de maintenir le gel des droits de trafic des compagnies du Golfe (Emirates, Etihad Airways et Qatar Airways), décidé en 2012 sous la mandature de François Hollande, tant qu'un cadre garantissant des règles de concurrence équitables ne sera pas établi.

Ces trois compagnies du Moyen-Orient sont, en effet, accusées de gagner des parts de marché grâce aux aides directes ou indirectes de leur État-actionnaire. Emirates a toujours nié être subventionnée. Ce dont s'accordent de nombreux professionnels du transport aérien français, qui pointent plutôt Etihad et Qatar Airways.

Porté aujourd'hui par Bruxelles, le dossier n'avance pas alors qu'il a trouvé une solution aux États-Unis, que les compagnies du Golfe peuvent à nouveau desservir de manière "illimitée".

Décision surprenante

Le refus fin mai de la Direction générale de l'aviation civile française (DGAC) d'autoriser le directeur France d'Emirates à assister à un colloque sur les droits de trafic organisé dans le cadre des Assises du transport aérien, confirmait la traditionnelle hostilité de la DGAC à l'égard des compagnies du Golfe et ne laissait pas présager un feu vert aux demandes d'Emirates quelques semaines après. Les propos tenus début juin à La Tribune par le président d'Emirates Airlines, Tim Clark, non plus. Ce dernier était beaucoup plus agacé par le refus du gouvernement français de lui accorder plus de vols que confiant sur un déblocage rapide de la situation.

Transfert des droits d'Etihad

Certes, comme l'indique la DGAC, ces nouveaux vols accordés à Emirates restent dans l'enveloppe de droits de trafic de l'accord bilatéral signé en 2011 entre la France et les Emirats arabes unis (EAU) sur les services aériens entre les deux pays, puisqu'ils sont pris sur le quota de vols initialement attribués à l'autre grande compagnie des Emirats arabes unis, Etihad Airways (Abu Dhabi) et non utilisé par celle-ci. Mais rien n'obligeait la France à répondre favorablement aux attentes d'Emirates. Sauf à ne pas vouloir se brouiller avec les Emirats.

Emirates tient à bout de bras le programme A380

Dans un souci de maintenir ses bonnes relations diplomatiques et commerciales avec les Emirats (et Dubaï, en particulier, qui vient de sauver le programme A380 en passant cet hiver une nouvelle commande du superjumbo européen), le ministère des Affaires étrangères a réussi à convaincre Matignon et l'Élysée d'accorder ces nouveaux vols.

Difficile d'imaginer qu'il n'y aura pas de suite. Il est clair qu'Emirates ne va pas se contenter de ces vols supplémentaires qui, à ses yeux, ne font que rattraper un niveau de capacités qui aurait dû lui être accordé il y a bien longtemps et reste encore très loin du celui proposé dans d'autres pays européens. Le sauvetage de l'A380 vaut bien plus que trois vols par semaine. Surtout si la compagnie de Dubaï devait s'engager à l'avenir sur une nouvelle version du superjumbo, plus longue et équipée de nouveaux moteurs. Il y a fort à parier qu'Emirates revienne très vite à la charge pour obtenir de nouveaux vols à Paris et en régions.