Fret maritime : les trois plus grandes compagnies japonaises fusionnent

Par Grégoire Normand  |   |  689  mots
La compagnie Nippon Yusen K.K. doit faire face à de "sombres perspectives" selon son président si elle ne fusionne pas avec Mitsui O.S.K Lines et Kawasaki Kisen Kaisha.
Les trois plus grandes sociétés de transport maritime de marchandises ont annoncé ce lundi qu'elles allaient fusionner leurs activités pour faire face aux difficultés du secteur.

Le fret maritime se restructure au Japon. Nippon Yusen K.K., Mitsui O.S.K Lines et Kawasaki Kisen Kaisha, les trois plus grandes compagnies du pays, ont annoncé dans un communiqué avoir signé un accord historique pour fusionner leurs activités. Les sociétés doivent encore soumettre cette décision aux autorités japonaises concernées pour approbation.

Un marché du fret au ralenti

L'industrie mondiale du transport maritime de marchandises connaît une forte réduction de son activité depuis plusieurs années. La baisse des échanges de biens de consommation, l'effondrement des prix du fret de marchandises en vrac (en particulier les matières premières) et les surcapacités existantes ont entraîné de nombreuses restructurations dans ce secteur comme le rappelle une note de conjoncture de la direction des affaires maritimes.

Un regroupement pour se renforcer

Le président de la compagnie Nippon Yusenn, Tadaaki Naito a annoncé que sa compagnie devait faire face à de "sombres perspectives""Si nous ne voulons pas que le nombre de compagnies japonaises se réduisent à zéro, nous avons besoin de créer un grand groupe très puissant", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse. L'industrie du fret maritime a en effet été marquée en août dernier par la mise en liquidation judiciaire de la plus grande compagnie sud-coréenne Hanjin Shipping, qui accusait une dette de 4,5 milliards d'euros.

En combinant leurs différentes activités, les trois sociétés pourraient afficher un chiffre d'affaires de plus de 300 milliards de yens ou 2,9 milliards de dollars. Le groupe posséderait alors une flotte de 256 porte-conteneurs, représentant 7% du marché du conteneur au niveau mondial. Ils prévoient de finaliser les opérations pour créer cette nouvelle société en juillet 2017 et cette dernière devrait entrer en fonctionnement à partir d'avril 2018 selon le Wall Street Journal. "Cette décision par les trois entreprises japonaises de fusionner leurs activités n'est pas une surprise compte tenu des immenses pertes qu'elles ont affichées lors de ces derniers trimestres", explique au journal financier Greg Knowler, expert du commerce maritime chez IHS Market. Nippon Yusen et Kawasaki Kisen ont toutes les deux enregistré des pertes au cours du dernier trimestre et Mitsui O.S.K a divisé ses prévisions de chiffre d'affaires par deux jusqu'au premier trimestre 2017.

Un porte conteneurs de la compagnie Mitsui O.S.K Lines. Crédits : Buonasera/Wikimédia Commons/CC

Une décision surveillée

Les racines de la baisse du transport maritime de marchandises sont antérieures à la crise de 2008. Il y a une dizaine d'années, les compagnies de fret maritime ont commencé à acheter de plus en plus de bateaux avec des capacités toujours plus grandes à un moment où la croissance mondiale et en particulier celle de la Chine étaient bien supérieures. Suite à la baisse du commerce mondial et au ralentissement de l'économie, les grandes compagnies se sont donc retrouvées avec des flottes en surcapacité.

De nombreuses sociétés ont alors exploré des moyens de consolidation et d'alliances. En juin dernier, le groupe français CMA CGM a ainsi franchit le seuil de détention de 90% de Neptune Orient Lines basée à Singapour, l'allemand Hapag-Lloyd AG a signé un accord cette année pour fusionner avec la compagnie United Arab Shiping et d'autres fusions ont également eu lieu en Chine. Mais les régulateurs dans le monde scrutent régulièrement toutes ces fusions-acquisitions et en refusent parfois, comme en Chine.

Afin d'anticiper une telle décision des régulateurs japonais, le président de Kawasaki Kisen a ainsi déclaré que si ce type de regroupement pouvait réduire la compétition, il indiquait dans le même temps que ce type de consolidation était crucial pour l'industrie.

"C'est une grande décision, ce que nous allons créer sera peut-être la seule compagnie de transport maritime au Japon", explique-t-il. "Mais avec la consolidation de l'industrie européenne et le fait que cette activité est en train devenir un oligopole, nous avons besoin de changer d'échelle de grandeur."