Imbroglio Aigle Azur en Algérie : la France met à nouveau la pression sur Alger

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  526  mots
Le blocage par la Banque d'Algérie d'un reliquat de recettes de la compagnie française en Algérie (28,3 millions d'euros) devrait être abordé ce lundi lors d'un comité économique et financier franco-algérien qui se tiendra au Quai d'Orsay.

Aigle Azur va-t-elle pouvoir récupérer prochainement les 28,3 millions d'euros de recettes bloquées en Algérie par la Banque d'Algérie ? En tout cas, Paris devrait remettre à nouveau ce dossier sur la table pour qu'il soit enfin résolu. Selon nos informations, il devrait être abordé ce lundi 26 octobre prochain à l'occasion d'un comité économique et financier franco-algérien, sous l'égide du ministère des affaires étrangères.

 «Le cas Aigle Azur devrait être l'un des trois gros sujets abordés lors de ce comité avec le projet d'usine en Algérie de PSA et les difficultés économiques rencontrées par l'Algérie avec le repli du prix du pétrole», précise un proche du dossier.

Un rendez-vous qui interviendra moins d'une semaine après la fouille du ministre de la communication algérien à Orly il y a trois jours, laquelle a suscité l'indignation en Algérie Un "incident regrettable" pour le Quai d'Orsay qui a présenté ses excuses.

8 millions débloqués cet été

Les fonds bloqués correspondent au reliquat de trois types de recettes : les redevances passagers qui pendant longtemps ne pouvaient pas être rapatriées en France selon la loi algérienne (elles le sont aujourd'hui), les surcharges carburant et les billets émis non utilisés.

Cet été, 8 millions d'euros ont été débloqués, sans que l'on sache exactement à quel type de recettes ils correspondent. Pour rappel, il s'agit d'un reliquat sur l'activité passée d'Aigle Azur en Algérie du temps où Alger bloquait le rapatriement en France de ces sommes. L'activité d'Aigle Azur en Algérie aujourd'hui n'est pas concernée.

Ce blocage concerne aussi Air France. Mais cette dernière, peu présente en Algérie, est beaucoup moins touchée qu'Aigle Azur qui détient 45% du marché franco-algérien. De fait, Aigle Azur est le premier concurrent d'Air Algérie sur cet axe.

Côté français, ce blocage est incompréhensible.

«L'accord aérien franco-algérien a toujours autorisé de tels rapatriements, au moins pour les surcharges passagers et carburant, explique un connaisseur du dossier. Et, même si le cas des billets émis non utilisés n'est pas implicitement spécifié dans l'accord, le fait qu'il soit autorisé par l'association internationale du transport aérien (Iata) et qu'Air Algérie a toujours rapatrié en Algérie ce type de recettes réalisées en France aurait dû pousser à l'époque Alger à accepter ces rapatriements de devises des compagnies françaises».

Trésorerie

A l'approche de l'hiver, une période de basse saison dans le transport aérien, l'absence des fonds affaiblit davantage la compagnie française, déjà mal en point. « Ces 28,3 millions correspondent à la moitié de la trésorerie », d'Aigle Azur, explique une source. Elle représentera beaucoup plus au fur et à mesure que la compagnie avancera dans la saison hiver.

«Pour ce type de compagnies, le point bas de trésorerie se situe en février mars », explique un expert.

De quoi préoccuper le gouvernement, déjà sous pression avec le dossier Air France.

Aigle Azur, dont 49% appartiennent à des capitaux chinois, compte 1.200 salariés et exploite 12 avions.