Air France : les syndicats appellent à la grève et plombent les réservations pour l'été

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  795  mots
(Crédits : Christian Hartmann)
Après un mois de pause, l'intersyndicale d'Air France a déposé ce vendredi un nouveau préavis de grève pour la période allant du 23 au 26 juin.

Article modifié samedi 9 juin à 7h

Après un mois de pause, l'intersyndicale d'Air France, composée de 10 syndicats, a déposé ce vendredi un nouveau préavis de grève pour la période allant du 23 au 26 juin. Quatre jours supplémentaires qui s'ajouteraient aux 15 jours de grèves depuis le 22 février, qui ont déjà coûté près de 400 millions d'euros à la compagnie. Un préavis qui s'annonce coûteux dans la mesure où il va impacter pour les deux prochaines semaines au moins les prises de réservations pour juillet et août, lesquelles, à ce moment de l'année, se traduisent en effet par des recettes unitaires élevées. Pour toutes les compagnies aériennes de l'hémisphère nord, les mois de juillet et d'août sont les périodes les plus lucratives. A tel point qu'une grande partie des résultats financiers de l'année se réalise au troisième trimestre (juillet-septembre). L'impact serait évidemment encore plus important si cette grève devait avoir lieu mais surtout si elle devait être suivie par d'autres mouvements au cours de la saison estivale; les syndicats ayant agité en début de semaine le spectre d'un été "houleux".

Des annonces lors du CCE du 14 juin?

Selon l'intersyndicale, l'appel à la grève pourrait être levé si la direction accédait aux demandes des syndicats, alors que la présidente par intérim d'Air France-KLM, Anne-Marie Courderc, a promis des "réponses concrètes" lors du prochain Comité central d'entreprise (CCE) le 14 juin. Pour autant, pas sûr qu'elles répondent aux attentes des syndicats.

Dans un courrier envoyé aux salariés, Anne-Marie Couderc évoque en effet un malaise au sein de la compagnie qui est "ancien et va au-delà de la seule question salariale" et que devant l'urgence sociale, "nous devons faire en sorte que les prochaines semaines soient utiles pour répondre aux préoccupations exprimées".

Affirmer que le malaise social va au-delà de la revendication salariale n'engage que la direction. L'argument avait été utilisé par l'ancien PDG, Jean-Marc Janaillac, pour expliquer le vote négatif des salariés à sa proposition de hausse salariale (+2% en 2018, puis +5% de 2019 à 2021, hors avancement automatique lié à l'ancienneté), quand les syndicats exigeaient et exigent toujours +5,1% pour la seule année 2018.

Si la direction se présente jeudi les poches vides (et on a du mal à voir comment il pourrait en être autrement dans la mesure où elle n'a pas de mandat de son conseil d'administration pour faire des propositions salariales),  il y a peu de chance que les syndicats retirent leur préavis.

Des grèves sans résultat pour les salariés

Cette position agace les syndicats au plus haut point. Après 15 jours de grève, ils n'ont en effet rien obtenu pour les salariés en termes d'augmentation salariale. Et la perspective d'une chute, voire l'absence d'intéressement l'an prochain se profile en raison des mauvais résultats financiers attendus cette année à cause du coût de la grève. Un bilan décevant pour des syndicats qui jouent gros à l'approche des prochaines élections professionnelles prévues d'ici à la fin de l'année chez les pilotes et en début d'année prochaine chez les autres catégories de personnels.

 "On leur a laissé du temps" pour nous faire des propositions lors de rencontres bilatérales, "ils n'ont rien dit", a commenté auprès de l'AFP Grégoire Aplincourt, du Spaf (deuxième syndicat de pilotes). En conséquence, "il a été décidé de maintenir la pression".

Si jeudi "Mme Couderc vient dans cette perspective, lever le préavis deviendra impossible. Pourtant nous continuons de penser qu'une sortie" du conflit est "atteignable", a déclaré le secrétaire général de FO Christophe Malloggi.

Reste à savoir comment vont se comporter la base des pilotes. Depuis le début du conflit, les taux de participation sont loin d'être massif puisqu'ils oscillent entre 35% au début du conflit et 12%, ce qui est très faible avec trois syndicats des pilotes réunis.

La direction a-t-elle fait une proposition?

Selon le site internet de Libération, la direction a proposé aux syndicats une rallonge salariale de 3,65% payable en trois fois et étalée jusqu'en février.

"La récente rumeur d'un nouveau préavis a poussé la direction à faire fuiter dans la presse une proposition de revalorisation (étalée sur 2018 et 2019", écrit dans un communiqué l'intersyndicale,

"Ceci est une manoeuvre qui vise à reproduire ce qui a été déjà été refusé par les salarié(e)s d'Air France", ajoute le tract, faisant référence au rejet de la proposition salariale de Jean-Marc Janaillac.

En attendant, un Collectif #TousAirFrance a lancé une pétition #StopGrèveAirFrance pour mettre fin aux grèves.