La SNCM grogne après l'arrivée d'un nouveau concurrent sur la ligne Marseille-Bastia

Par latribune.fr  |   |  534  mots
Le lancement de cette ligne est intervenu la veille de la reprise de service de la SNCM rachetée par le chef d'entreprise corse Patrick Rocca (transports, immobilier, traitement des déchets).
Le consortium d'entreprises insulaires Corsica Maritima et l'armateur français Daniel Berrebine ont annoncé le lancement d'une nouvelle ligne de transport maritime reliant la Corse et le continent. Mécontents, les salariés de la SNCM menacent de bloquer le port de Marseille.

La compagnie Corsica Linea a lancé ce lundi à Bastia une nouvelle ligne de transport maritime entre l'île de Beauté et le continent, concurrençant la SNCM qui doit renaître mardi, sous une nouvelle forme.

Préavis de grève

La CGT de la SNCM a qualifié ce lancement "d'entrave au service public" et déposé un préavis de grève reconductible à partir de mardi et le Syndicat des travailleurs corses (STC) a annoncé qu'il pourrait bloquer le port de Marseille.

Le bâtiment baptisé "Stena Carrier" est un cargo roulier ne transportant que du fret qui effectuera trois rotations hebdomadaires Bastia-Marseille, ont annoncé le consortium d'entreprises insulaires Corsica Maritima associé à l'armateur français Daniel Berrebi.

Le deal entre Corsica Maritima et Daniel Berrebi

Corsica Maritima et M. Berrebi, qui opère dans le golfe du Mexique, se sont associés après l'échec de leurs offres respectives de rachat de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM).

Ce navire de 21.171 tonnes, le Stena Carrier, devait appareiller à vide lundi soir de Bastia pour Marseille d'où il doit revenir mardi avec un chargement de remorques. Ce bâtiment, qui peut transporter 160 remorques, pourrait être empêché d'accoster à Bastia en cas de mauvais temps en raison de sa taille (183 m de long et 26 de large).

Le président de Corsica Maritima, François Padrona, et M. Berrebi ont annoncé que les 140 hommes d'équipage du cargo danois étaient "d'origine européenne".

Transport de passagers

Corsica Linea, ont-ils ajouté, fera prochainement l'acquisition de deux autres navires permettant à partir de février de transporter des passagers sans recourir à la délégation de service public (DSP).

Le lancement de cette ligne est intervenu la veille de la reprise de service de la SNCM rachetée par le chef d'entreprise corse Patrick Rocca (transports, immobilier, traitement des déchets). La Collectivité territoriale de Corse (CTC), désormais à direction nationaliste, votera en début d'année la nouvelle DSP. Elle s'est saisie dès son installation de la question des transports maritimes.

Le président du Conseil exécutif de la CTC, Gilles Simeoni, et celui de l'Office des transports de la Corse, Jean-Félix Acquaviva, seront mardi à Bruxelles, pour évoquer notamment la question des quelque 400 millions d'euros d'aides publiques dont le remboursement était demandé à la SNCM. Ils chercheront aussi à obtenir des éclaircissements sur cette délégation, notamment la possibilité de l'attribuer ligne par ligne entre le contient et les ports insulaires.

Le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a annoncé lundi à la radio publique RCFM que

"Le moment est venu de mettre tout le monde autour d'une table et de définir une nouvelle stratégie de transport maritime dans l'intérêt de la Corse et des Corses".

Faire comme Air Corsica

M. Talamoni, qui a déploré "la casse sociale" que va provoquer le lancement de Corsica Linea, a plaidé pour la création d'une compagnie publique sous "la forme par exemple d'une société d'économie mixte" placée sous l'autorité de la CTC, comme c'est le cas pour la compagnie aérienne Air Corsica (partenaire d'Air France et d'Alitalia) qui opère depuis 25 ans.

(Avec AFP)