Le grand bond en arrière de Ryanair

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  402  mots
L'annulation brutale de 40 à 50 vols par jour à effet immédiat d'ici à fin octobre annoncée par Ryanair, et la communication hasardeuse qui l'a accompagnée vont coûter cher à la compagnie.
Le tollé provoqué par l'annulation brutale de 2.000 vols d'ici à fin octobre remet en cause les efforts menés depuis quatre ans pour améliorer l'image de la compagnie dans le but d'accompagner le changement de modèle de la compagnie, désormais focalisée sur les grands aéroports.

L'annulation brutale de 40 à 50 vols par jour à effet immédiat d'ici à fin octobre annoncée par Ryanair, et la communication hasardeuse qui l'a accompagnée vont coûter cher à la compagnie. Bien plus que les 5 millions d'euros en moins de rentabilité au cours des prochaines semaines et des 20 millions d'euros maximum prévus par la compagnie pour indemniser les 400.000 passagers touchés par l'annulation de ces 2.000 vols au total. Sans solution de repli, les voyageurs ont dû, le plus souvent, mettre la main à la poche pour trouver le moyen d'arriver à bon port.

Bonus aux pilotes

Car cette décision, prise selon la compagnie pour rétablir une ponctualité défaillante provoquée par des erreurs dans les plannings des pilotes, suscite la colère des passagers et écorne évidemment l'image de Ryanair. Michael O'Leary, son directeur général parle « d'importants dommages à la réputation » et propose même, selon La Libre Belgique, un bonus de 12.000 euros à ses commandants de bord et 6.000 euros à ses copilotes pour qu'ils fassent une croix sur 10 jours de congés afin de limiter la casse. Pouvant représenter quasiment un mois de salaire chez certaines compagnies, ce chèque en dit long sur l'ampleur du couac et de son impact sur Ryanair.

Changement de stratégie en 2013

En effet, il porte un coup à la politique d'amélioration de l'image de la compagnie à bas coûts irlandaise mise en place en 2013, un point clef de la stratégie de Michael O'Leary qui, depuis, a même mis fin à ses provocations qu'il multipliait auparavant pour faire parler de sa compagnie. Cette volonté d'améliorer l'image de la compagnie accompagne en effet un positionnement davantage axé sur les grands aéroports et une plus grande attention portée à l'égard des passagers dans le but de courtiser une clientèle à plus haute contribution, que ce soit les voyageurs d'affaires ou loisirs, hostiles à se rendre dans des aéroports secondaires même pour voyager moins cher. Un changement peu perceptible pour tous ceux qui ne voyagent pas sur Ryanair. Pour eux, la low-cost irlandaise a toujours l'image d'une compagnie qui, à l'exception de prix extrêmement bas, n'est pas au service du client. Du coup dans cette histoire d'annulation intempestive des vols, Ryanair perd sur les deux tableaux. Hyper médiatisé, ce couac refroidit les clients de la compagnie et conforte ceux qui ne voyagent pas sur Ryanair à ne pas tenter l'expérience.