Le PDG d'Air France-KLM met en garde les pilotes du SNPL Air France

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  789  mots
Mardi, alors que le vote des pilotes sur le projet de création d'une compagnie à coûts réduits commençait, Jean-Marc Janaillac a envoyé un courrier àaux adhérents du SNPL pour leur rappeler les conséquences du vote. En cas de vote négatif, il proposera au conseil d'administration une voie alternative pour que ce projet se mette en place. Il n'y aura pas d'autres négociations, a-t-il martelé. Les résultats du vote seront connus le 17 juillet.

Certains y voient une clarification, d'autres une mise en garde, voire une menace. Alors que les pilotes du SNPL Air France sont appelés à se prononcer depuis mardi 20 juin sur le projet de création d'une compagnie à coûts réduits par rapport à Air France (projet Boost), Jean-Marc Janaillac le PDG d'Air France-KLM et président d'Air France leur a écrit, ce mardi, pour «attirer leur attention sur les enjeux qui s'y attachent et souligner les conséquences du choix qu'auront à effectuer ceux d'entre eux qui y participeront ».

Trois propositions

Pour rappel, cette consultation lancée par le bureau du SNPL Air France, est un peu particulière, dans la mesure où les pilotes ne vont pas se prononcer sur une proposition de projet, mais sur trois : celui que la direction a soumis à signature, celui du bureau du SNPL (que ne reconnaît pas la direction) qui est peu ou prou le même avec le maintien des toilettes privatives dans les A350 que la direction veut supprimer pour ajouter des sièges, et enfin la possibilité de ne choisir aucune des deux offres.

Lire ici : La décision « baroque » du SNPL qui retarde le projet Boost

Face à ce scénario pour le moins atypique, Jean-Marc Janaillac a voulu mettre les points sur « i ». A ceux qui pensent qu'après avoir déjà beaucoup lâché dans cette négociation, la direction n'est plus à ça près et peut encore faire encore quelques concessions, Jean-Marc Janaillac répond qu'«il n'y aura pas de nouvelle réouverture des négociations ». Ce « souci d'ouverture » qui l'a conduit, lui et Franck Terner, le directeur général d'Air France, à « accepter à plusieurs reprises de faire évoluer le contenu du projet d'accord dans le sens souhaité par les représentants « (du SNPL), « ne doit pas être pris pour de la faiblesse ».

« Aujourd'hui, nous sommes parvenus au bout de ce que nous pouvions accepter, y compris sur les points sur lesquels nous ne sommes pas parvenus à un accord avec le bureau du SNPL », assure-t-il.

Autrement dit, le projet du SNPL ne compte pas à ses yeux.

« Ainsi que Franck Terner l'a indiqué au Président du SNPL, le seul projet d'accord sur lequel nous sommes aujourd'hui engagés, et que nous sommes susceptibles de signer, est celui que nous avons proposé à la signature des syndicats de pilotes à la suite de plusieurs mois de négociation avec eux. La version portée par le bureau du SNPL n'engage que lui. Dans le triple choix compliqué qui vous est proposé aujourd'hui, il doit être très clair que voter en faveur du projet porté par le bureau du SNPL revient à voter contre tout accord », explique Jean-Marc Janaillac.

Du côté du bureau du SNPL, on est convaincu, si les adhérents privilégient son texte, que la direction "apportera les modifications nécessaires à une signature", même si cette dernière affirme le contraire.

Si le texte est rejeté, il y a aura une alternative

Jean-Marc Janaillac s'est montré menaçant en disant que ce projet « indispensable pour remettre durablement Air France sur une trajectoire de croissance profitable » sera créé d'une manière ou d'une autre.

«Si le résultat de la consultation conduisait au rejet du projet d'accord que nous avons proposé, ou si celui-ci ne faisait pas l'objet d'une signature rapide, alors que le délai imparti aura été particulièrement long, je convoquerai donc immédiatement le Conseil d'administration d'Air France KLM afin de lui proposer une voie alternative pour y parvenir. Il est en effet de ma responsabilité vis-à-vis d'Air France, de ses personnels et de ses clients que la Nouvelle compagnie soit créée, d'une manière ou d'une autre », a-t-il écrit.

Pour certains en interne, cette alternative serait de rattacher ce transporteur non plus à Air France mais à Air France-KLM, sans nécessité de faire appel à des pilotes d'Air France, qui-plus-est avec des contrats d'Air France. Un scénario qui sortirait cette compagnie de l'orbite d'Air France et du SNPL Air France. Et qui priverait les possibilités d'évolution de carrière des pilotes d'Air France.

Grogne des pilotes contre le bureau du SNPL

Pour autant, selon de nombreux pilotes, un vote favorable semble se dessiner. Une bonne partie de la base grogne contre le bureau du SNPL qu'ils accusent au mieux de  ralentir la création de cette compagnie, au pire d'essayer de la torpiller. Cette grogne s'est accentuée hier, quand les pilotes ont découvert qu'il manquait certaines choses dans l'argumentaire en faveur du projet Boost qui accompagne, comme les statuts du SNPL le demandent, les différentes propositions de vote envoyées aux pilotes à côté de l'argumentaire en faveur du projet du bureau du syndicat.