Air France : la décision « baroque » du SNPL qui retarde le projet Boost

Au lieu de consulter les pilotes d'Air France sur le projet de la direction de créer une compagnie à coûts réduits, comme cela était prévu, le conseil du SNPL a lancé une consultation comportant trois propositions.
Fabrice Gliszczynski
Lors de la consultation, les pilotes devront choisir entre trois propositions : le projet de la direction, celui du bureau du SNPL (dont il n'avait jamais été question jusqu'ici), ou le refus de tout accord.

Encore un conseil du SNPL Air France qui restera dans les annales. Il était appelé à décider ce jeudi du lancement ou pas d'un référendum auprès des membres du syndicat national des pilotes de ligne d'Air France pour leur demander de se prononcer sur le projet de la direction de création d'une compagnie aérienne à coûts réduits (projet Boost). Mais aussi sur une évolution des conditions de travail et de rémunération des pilotes d'Air France. Le conseil du SNPL a encore déjoué tous les pronostics.

Trois propositions

S'il y aura bien une consultation des pilotes, celle-ci ne portera pas uniquement sur le projet de la direction comme initialement prévu puisque les pilotes devront choisir entre trois propositions : le projet de la direction, celui du bureau du SNPL (dont il n'avait jamais été question jusqu'ici), ou le refus de tout accord. La motion est un peu complexe. Si aucune des trois propositions ne remporte la majorité absolue, le bureau du SNPL devra signer pour la proposition d'accord ayant recueilli le plus grand nombre de voix. Autrement dit, si le « refus de tout accord » obtient moins de 50%, le choix des adhérents du SNPL se portera sur le projet de la direction ou sur celui de la SNPL.

Confusion

Ces trois possibilités créent une nouvelle fois de la confusion. Elles auront le mérite de la clarté sur les intentions des pilotes : ces derniers auront, en fait, le choix entre la déclaration de guerre à la direction ou au contraire tourner la page de trois ans de conflit qui paralyse la compagnie. En effet, s'ils refusent tous les projets ou votent pour le projet du SNPL, les pilotes désavoueraient la direction qui, après avoir accordé de nombreuses concessions au SNPL, a martelé que la négociation était finie et qu'elle n'irait pas plus loin dans les concessions. Un refus de la direction d'appliquer les demandes du SNPL soutenues par le vote des pilotes ferait courir le risque d'un conflit social, alors que les pilotes de la filiale régionale, HOP!, ont déjà déposé un préavis de grève pour début juillet. Une acceptation des demandes du SNPL donnerait certes naissance au projet Boost, mais ce scénario n'apporterait pas les économies escomptées et donnerait aussi le sentiment aux autres catégories de personnels que les pilotes mènent la danse dans l'entreprise.

La direction reste ferme

Dans un courrier envoyé aux pilotes, la direction est restée ferme.

Elle « regrette la décision prise par le SNPL Air France d'intégrer dans la consultation un texte qui ne l'engage pas et qu'elle n(acceptera pas de signer, et réaffirme qu'il n'y a pas de nouvelle étapes de négociation. Voter pour cet autre projet reviendrait à voter non ».

Quel est donc le projet du SNPL ? En fait, il est proche de celui de la direction, à l'exception de deux points sur lesquels, la direction n'a pas voulu céder : le maintien du retrait d'une toilette des futurs A350 réservée à l'équipage pour y ajouter des sièges (15 millions d'économies par an) et les pénalités à payer aux pilotes si la direction ne respecte pas la courbe de rattrapage de la production d'Air France avec celle de KLM sur les années 2022-2026.

"Si les pilotes se prononcent sur notre texte, ça voudra dire qu'ils sont d'accord pour faire Boost et les efforts prévus" mais qu'ils "demandent à la direction de prendre en compte les souhaits" du SNPL sur les points qui posent encore problème, a indiqué à l'AFP Philippe Evain, le président du SNPL Air France.

Les dates de la consultation n'ont pas encore été arrêtées mais elle se tiendra "dans les jours qui viennent" et pour une durée comprise "entre 15 jours et 3 semaines", a-t-il dit. Ce calendrier semble incompatible avec un début des opérations de Boost début novembre comme la direction l'envisageait. Pour rappel, en mars, des membres de la direction indiquaient en coulisse, que si le projet n'était pas lancé avant fin mars, il ne pouvait pas débuter début novembre.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 8
à écrit le 10/06/2017 à 19:15
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Une façon de biaiser les résultats (et b..ser la direction !) en proposant 3 réponses possibles à un pseudo référendum, qui en principe, ne comporte que 2 réponses possibles : OUI ou NON !!! Là le SNPL propose 3 réponses; pourquoi pas 12, tant qu'...

à écrit le 10/06/2017 à 14:17
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Le droit de grève dans une entreprise privée met en jeu la responsabilité des acteurs, car les conséquences de la grèves peuvent aller jusqu'à la liquidation de l'entreprise. Ainsi, les grévistes et la direction savent jusqu'où ne pas aller. Dans le...

à écrit le 10/06/2017 à 12:04
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Les pilotes raisonnent comme il y a 50 ans ou les compagnies nationales étaient en monopole. Pauvres pilotes payés en moyenne autour de 10 000 euros/mois ! L'appât du gain et la conservation de leurs privilèges coulerons cette société.

le 11/06/2017 à 10:46
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Des pilotes payés plutôt entre 15000 et 25000 euros / mois

à écrit le 10/06/2017 à 10:22
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Ce n'est pas une décision des pilotes mais celle d'un bureau à la dérive. Très clairement il n'y a que deux options : soit pour l'accord proposé par la direction soit contre. Le projet SNPL n'existe pas. Tout est fait pour retarder la mise en place d...

le 10/06/2017 à 14:52
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Vous parlez de Norwegian, Level ou French Blue et vous avez raison. Mais (malheureusement) le projet "Boost" n'est en rien un équivalent et une réponse à ces compagnies Low Cost long courrier. Boost n'est pas un projet Low Cost du tout. C'est...

à écrit le 09/06/2017 à 17:31
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Air FRANCE va mourir et ces saigneurs aussi ; c'est une certitude . La seule incertitude est la date

à écrit le 09/06/2017 à 17:11
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Je suggère aux syndicats et à la direction d'AF de demander au gouvernement d'appliquer la note n°6 du conseil d'analyse économique. Cela permettrait de réduire les charges de personnel et de sauver AIRFRANCE. Il est encore temps. Sinon, adieu AIRFRA...

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