Le SNPL Air France fait du rétropédalage

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  584  mots
Dans un courrier envoyé aux autres syndicats d'Air France, le SNPL estimait que le "projet recèle de nombreux dangers pour les salariés, quels qu'ils soient, dès lors qu'il prévoit la découpe de l'entreprise en appartements".
Au lendemain des révélations d'une lettre du président du SNPL Air France à d'autres syndicats indiquant les conditions qui permettraient de démarrer des négociations, le SNPL a calmé le jeu.

Rétropédalage en règle pour le bureau du SNPL Air France. Au lendemain de notre article concernant une lettre ouverte aux salariés d'Air France du président du syndicat national des pilotes de ligne d'Air France, Philippe Evain, dans laquelle ce dernier rejetait le projet de création d'une nouvelle compagnie à coûts réduits de la direction, le bureau du SNPL a souhaité calmer le jeu. Il le fallait. Ce courrier a fait l'effet d'une bombe chez pilotes.

Contraire aux statuts

Envoyée aux syndicats de l'intersyndicale le 30 novembre (PNC, personnel au sol), le lendemain de la reprise des négociations sociales avec la direction, la lettre n'avait pas encore été transmise à l'ensemble des salariés, et donc des pilotes. En outre, elle n'avait pas fait l'objet d'un mandat voté par le conseil du SNPL, "qui est souverain" dans les statuts du syndicat, alors que le dernier conseil avait eu lieu une semaine avant seulement.

Cafouillage

Ce vendredi, le président du SNPL Air France a déclaré à l'AFP qu'il s'agit d'une "interprétation totalement erronée" faite à partir d'une "lettre ouverte" qu'il aurait rédigée avant le début des négociations (le 29 novembre, NDLR) pour faire connaître son point de vue. Ce samedi dans le Figaro, Véronique Damon, secrétaire générale du SNPL Air France, évoque même un "document de travail", adressé aux autres catégories de personnel "pour recueillir leur avis". Un point de vue qui fait hurler de nombreux pilotes : "Depuis quand demande-t-on l'avis des autres catégories de personnel avant celui des pilotes", s'étouffe l'un d'eux.

Or, cette lettre est datée du 30 novembre, deux jours après la reprise des négociations et a été envoyée, selon un syndicaliste, le même jour, en fin de matinée, aux autres syndicats dans un e-mail intitulé « A tous les salariés d'Air France » avec un message très court indiquant seulement qu'il s"agissait d'une lettre ouverte aux salariés, sans aucune mention précisant que ce courrier n'avait que pour seul objectif de recueillir leur avis.

Ce n'est que bien plus tard, en fin de soirée du 30 novembre, qu'un autre e-mail leur est envoyé indiquant que la lettre n'était pas publiée et qu'il ne fallait donc pas la diffuser. Trop tard, l'UNAC, un syndicat PNC, l'avait déjà mise en ligne sur son site pour ses adhérents.

Enfin, selon un pilote, il est indiqué sur le "forum du SNPL" (un système de messagerie interne aux pilotes) qu'il y avait eu une demande d'impression de ce courrier pour 18.000 exemplaires...

"Vraiment motivé pour que ce projet ailler au bout"

Pour Emmanuel Mistrali, porte-parole du SNPL Air France, les négociations autour de la future compagnie à coûts réduits d'Air France ont débuté cette semaine sereinement et avec l'objectif de "réussir ensemble", a-t-il affirmé vendredi à l'AFP, réfutant tout faux départ. "L'idée de créer un nouveau produit (...) avec un contrat de travail adapté, c'est plutôt une bonne idée" et le SNPL est "vraiment motivé pour que ce projet aille au bout", à condition que toutes les catégories du personnel "s'y retrouvent", a assuré le président du syndicat, Philippe Evain.

Pour rappel, dans le courrier, il est écrit que le "projet recèle de nombreux dangers pour les salariés, quels qu'ils soient, dès lors qu'il prévoit la découpe de l'entreprise en appartements".