Le TGV low-cost Ouigo redonne des couleurs au TGV

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  685  mots
De janvier à fin octobre, 8 millions de passagers supplémentaires ont voyagé en TGV, dont 2 millions sur Ouigo.

Moribond ces dernières années en raison de la morosité économique, de l'impact sur les transports de la menace terroriste, mais aussi de la concurrence féroce des autres modes de transports comme les bus Macron, le covoiturage et les compagnies aériennes, le TGV regagne des passagers. Huit millions de passagers supplémentaires ont voyagé sur les TGV entre janvier et fin octobre, a indiqué ce mercredi le président du directoire du groupe SNCF, Guillaume Pepy, lors de la présentation du changement de nom du site de ventes Voyages-SNCF.com qui devient Oui.sncf. Sur ces huit millions  de clients supplémentaires, 2 millions (25%) ont voyagé sur Ouigo, qui représente pourtant environ 5% de l'offre TGV du groupe. Pour rappel, en 2016, Ouigo avait transporté 5,1 millions de passagers.

Ouigo au départ de Montparnasse le 10 décembre

De fait, avec les vacances de fin d'année et le lancement des premières lignes au départ de Paris à partir du 10 décembre, Ouigo va dépasser son objectif de 7 millions de passagers transportés sur l'ensemble de l'année.

« Le trafic de Ouigo dépasse le marché global des autocars longue distance (6,5 millions de passagers) et celui de Blablacar que nous estimons à 6 millions de voyageurs. Ouigo est l'acteur le plus important du voyage longue distance à bas prix », a déclaré Rachel Picard, la directrice générale de Voyages SNCF, en confirmant l'objectif d'un doublement du trafic de Ouigo pour 2018, grâce aux départs des gares parisiennes, et celui d'atteindre 25 millions de passagers Ouigo d'ici à 2020.

Ouverture à la concurrence

L'idée est de prendre de solides positions sur le marché  « low fare » dans la perspective de l'ouverture à la concurrence des lignes à grande vitesse à partir de 2021. Avec les TGV classiques, la SNCF veut ainsi gagner 15 millions de passagers supplémentaires en France d'ici à 2020, pour atteindre à cette échéance un trafic annuel de 115 millions de voyageurs. Reste que le développement de Ouigo pose la question de la cannibalisation de l'offre TGV avec le positionnement de Ouigo à Paris en complément de son positionnement initial en périphérie de la capitale, allait forcément cannibaliser les TGV classiques.

« Nous avons la conviction qu'il n'y a pas de cannibalisation (...). 50% des passagers Ouigo n'auraient pas voyagé s'il n'y avait pas eu Ouigo », a fait valoir Guillaume Pepy.

En début d'année, Rachel Picard avait été plus nuancée.

"Oui, bien sûr. Une partie des clients TGV passera sur Ouigo, mais nous préférons ça plutôt que voir nos passagers aller chez un concurrent. Nous préférons également mettre un client qui paye moins cher dans un siège que nous produisons deux fois moins cher plutôt que dans un TGV. Nous n'opposons pas les deux offres, mais nous construisons une offre globale avec les deux, une offre low-cost, qui est un modèle industriel et un contrat avec le voyageur différent et plus contraint, et une autre offre TGV plus qualitative, avec une fréquence des circulations très importante ».

"Mon mandat est dans les mains du gouvernement" (Pepy)

Par ailleurs, interrogé sur la réponse qu'il souhait donner à ceux qui ont réclamé sa démission depuis les incidents à la gare Montparnasse dimanche, à l'instar de Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La France, Guillaume Pepy a renvoyé la balle au gouvernement.

"Je crois avoir répondu depuis une dizaine d'années environ à une centaine de questions sur le sujet, chaque fois que les trains arrivent en retard, chaque fois qu'il y a une panne de clim, chaque fois qu'une gare est en travaux, chaque fois qu'il y a des incidents, j'ai répondu que mon mandat était dans les mains du gouvernement", a dit Guillaume Pepy.

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a indiqué lundi qu'il n'était "pas question de mettre en cause qui que ce soit", semblant exclure tout changement de dirigeant. Le gouvernement a en revanche exigé de la SNCF qu'elle tire les conséquences de cette nouvelle panne géante qui a paralysé la gare Montparnasse pour la deuxième fois depuis l'été.