Le transport aérien français vent debout contre l'instauration d'une nouvelle taxe

Par latribune.fr  |   |  554  mots
L'alourdissement de la fiscalité augure d'une nouvelle augmentation des prix des billets, a affirmé dimanche Pascal De Izaguirre, président de la Fnam (Photo d'illustration). (Crédits : STEPHANIE LECOCQ)
Le transport aérien français s'oppose à une nouvelle taxe dont l'objectif est de favoriser les moyens de transport les moins polluants, le train en particulier. La Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam) souhaite a minima qu'elle soit fléchée vers la décarbonation du secteur.

Sans surprise, le transport aérien, par la voix de Pascal de Izaguirre, président de la Fnam, a réitéré son hostilité à l'instauration d'une nouvelle taxe. « Inutile de vous dire que nous sommes fermement opposés à cette taxe, qui n'a fait l'objet d'aucune concertation », a-t-il déclaré sur BFM Business.

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Une réponse au ministre délégué aux Transports Clément Beaune qui avait répété mardi que taxer les moyens de transport les plus émetteurs de CO2 permettrait d'encourager un report notamment vers le train et d'investir davantage dans la transition écologique. Il avait ensuite confirmé, lors de l'université d'été du Medef, que le prochain projet de loi de finances comprendrait des taxes sur les sociétés d'autoroute et les billets d'avion.

La Fnam étudiera « les recours juridiques envisageables »

Dans un communiqué de presse, daté du 30 août, la Fnam s'était déjà étonnée de la « forme de cette annonce, qui n'a fait l'objet d'aucune concertation ou prise d'information auprès des acteurs du secteur aérien ». Pour la fédération, « l'accumulation de mesures fiscales menace inutilement l'avenir du pavillon français » et si le projet n'est pas habitué, elle « étudiera les recours juridiques envisageables contre la mise en œuvre d'un tel dispositif ».

Cet alourdissement de la fiscalité « se surajoute au projet d'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion », et augure d'une nouvelle augmentation des prix des billets, a affirmé Pascal De Izaguirre. Sur le prix d'un billet pour des liaisons intérieures françaises ou européennes, « il y a pratiquement la moitié déjà de taxes et de redevances », ajoute celui qui est aussi président de Corsair, tout en assurant que les marges du secteur restaient « extrêmement faibles » malgré la reprise de l'activité et des tarifs ayant fortement gonflé après la crise sanitaire.

Etendre la discussion

Air France a déjà pu demander que « des conditions de concurrence équitable soient respectées, afin d'éviter de renforcer la distorsion de concurrence existante avec les opérateurs extra-européens. » Sur ce point, Clément Beaune affirme vouloir étendre la discussion au niveau européen à l'occasion d'une réunion des ministres de transports européens fin septembre : « Cela ne sert à rien d'aller taxer les compagnies françaises si les autres ne font pas un effort. Je suis très vigilant pour que nos compagnies aériennes, comme Air France, et nos aéroports ne soient pas les dindons de la farce. » Une réunion qui pourrait aussi aborder l'idée d'une taxation du kérosène au niveau européen.

« S'il devait y avoir de nouvelles taxes, elles doivent être fléchées vers la décarbonation du transport aérien, et pas pour financer la SNCF », a plaidé le président de Corsair, en rappelant que son secteur s'était engagé à zéro émission nette de CO2 à l'horizon 2050, ce qui nécessitera des investissements massifs en matériel et en carburants d'origine non fossile. Clément Beaune avait aussi annoncé que la hausse des taxes allait « financer aussi les 300 millions d'euros par an que met dans la filière aéronautique l'Etat pour financer les carburants durables et l'avion vert de demain ».

(Avec AFP)