Lufthansa domine le ciel européen

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  583  mots
Lufthansa s'est même payé le luxe de dépasser Ryanair (129 millions de passagers). Et même si la compagnie à bas coûts a pâti des annulations de vols depuis septembre, même si le groupe Lufthansa est composé de 5 compagnies, la performance est de taille. (Crédits : Reuters)
Avec une hausse de trafic de plus de 18%, le groupe allemand a transporté 130 millions de passagers en 2017, un record en Europe. Provenant notamment de son rôle très actif dans la consolidation du ciel européen, cette croissance est rentable. Le groupe allemand a dégagé près de 2,6 milliards d'euros de bénéfices d'exploitation en 2017, selon les analystes.

Lufthansa impressionne. Tous les voyants sont au vert. Le trafic est le plus important d'Europe, les résultats financiers sont excellents, le bilan très robuste et le groupe allemand composé déjà de Lufthansa, Eurowings, Brussels Airlines, Swiss et Austrian, est la plus active dans le jeu des acquisitions. Sur le plan boursier cette fois, l'action a progressé de 134% en 2017 et le groupe pèse aujourd'hui en Bourse 14,5 milliards d'euros, légèrement au-dessus de IAG (13,46 milliards) et largement plus qu'Air France-KLM (5,87 milliards), même si l'action du groupe français a bondi de 162% l'an dernier.

Trafic record

Ce mercredi, le groupe allemand composé de Lufthansa, Eurowings, Brussels Airlines, Swiss et Austrian, a annoncé avoir transporté 130 millions de passagers en 2017, en hausse de 18,6% par rapport à l'année précédente. Lufthansa surclasse ainsi IAG et Air France-KLM qui ont respectivement transporté 104,8 millions (+4,1%) et 93,4 millions de passagers (+5,6%). Une croissance impressionnante qui provient notamment du très fort développement de la filiale low-cost Eurowings, laquelle a profité d'une reprise des actifs d'Air Berlin bien avant la reprise de 80 appareils de cette compagnie à l'issue de son dépôt de bilan à l'automne. Cette reprise sera effective cette année. Ce qui va doper une nouvelle fois le trafic du groupe.

Lufthansa s'est même payé le luxe de dépasser Ryanair (129 millions de passagers). Même si la compagnie à bas coûts a pâti des annulations de vols depuis septembre, même si le groupe Lufthansa est composé de 5 compagnies, la performance est de taille. Car contrairement à Ryanair qui ne fait que du court-courrier, Lufthansa fait beaucoup de vols long-courriers qui minorent l'aspect volume sur une journée par rapport à un appareil moyen-courrier de près de 200 sièges qui effectue jusqu'à six rotations dans une journée. En prenant d'ailleurs les passagers kilomètres transportés (PKT), Air France-KLM dépasse même Lufthansa.

Croissance rentable

La croissance du groupe est par ailleurs extrêmement rentable. Selon les analystes, le groupe devrait en effet dégager un bénéfice d'exploitation de 2,6 milliards d'euros, derrière IAG (autour de 3 milliards) mais devant Air France-KLM (1,5 milliard d'euros environ). Ses fondamentaux sont solides avec une génération de cash largement supérieure à celle d'Air France-KLM alors que le groupe rencontre un pic d'investissements.

Reprise d'Alitalia?

Lufthansa pourrait étendre son emprise en Europe si elle parvenait à mettre la main de sur Alitalia aux conditions que le groupe a posé. Selon la presse italienne, Lufthansa, serait prête à mettre sur la table 300 millions d'euros pour reprendre la partie "aviation" d'Alitalia et créer une "nouvelle Alitalia". La compagnie allemande souhaiterait réduire les effectifs de 2.000 personnes, soit 25% du personnel de la partie "aviation". Elle exigerait en outre la suppression de certaines clauses des contrats du personnel de vol, qualifiées de "privilèges", comme le droit d'habiter à Rome s'ils sont basés à Milan et la comptabilisation du temps de transport entre les deux villes comme temps de travail, d'après le quotidien économique allemand Handelsblatt. Selon la même source, Lufthansa exige que la restructuration de la compagnie soit menée avant qu'elle acquière Alitalia.

8.000 embauches

Au final, cette bonne santé se traduit sur l'emploi. Comptant 120.000 salariés, le groupe a récemment annoncé vouloir " embaucher plus de 8.000 nouveaux collaborateurs cette année", dont plus de 4.000 hôtesses et stewards. En prenant en compte les départs naturels, ses effectifs devraient croître cette année de "plusieurs milliers" de personnes, selon un porte-parole.