Notre-Dame-des-Landes : le gouvernement n'a encore rien à proposer aux élus du Grand Ouest

Par latribune.fr  |   |  647  mots
"Il faut prendre un petit peu de temps", a expliqué la ministre des Transports Elisabeth Borne aux élus du Grand Ouest (Crédits : Reuters)
Dix jours après l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), la ministre des Transports Elisabeth Borne

Elisabeth Borne savait à quoi s'attendre en arrivant samedi à la mairie de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, commune située en bout de piste de l'actuel aéroport de Nantes. La ministre des Transports n'a pas été déçue par son accueil. Dix jours après l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), elle a été accueillie sous les sifflets, les huées et les slogans d'environ un millier de manifestants "en colère" : "Macron trahison, Macron démission", "Saint-Aignan sacrifiée, Saint-Aignan humiliée", "La préfète dans la ZAD". Le président s'est rendu coupable à leurs yeux de s'être engagé pendant la campagne présidentielle à respecter le vote de la population locale, majoritairement favorable à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les manifestants ont également déposé un cercueil noir rempli de cartes d'électeurs, barré d'un "Ci-gît la démocratie", au passage de la ministre.

Dans ce contexte peu favorable, Elisabeth Borne a tenté d'apaiser la colère des élus en confirmant la volonté du gouvernement de repenser le développement du Grand Ouest mais en se donnant le temps. Mais elle n'avait pas grand-chose à proposer à ce stade. "Il faut prendre un petit peu de temps, car beaucoup de projets étaient structurés autour de la réalisation de Notre-Dame-des-Lande", a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse à l'aéroport de Nantes, situé sur la commune de Bouguenais."Cela ne veut pas dire qu'il ne va rien se passer à court terme : des travaux vont être engagés très rapidement sur le réaménagement de l'aérogare existante pour accueillir les passagers dans de bonnes conditions", a-t-elle ajouté.

"Après des années d'indécision dans ce dossier, une décision s'imposait, elle était nécessaire pour sortir de l'impasse. Cette décision a été prise. Bien sûr, elle suscite chez certains de la déception, voire de la colère. Elle suscite aussi des inquiétudes. Donc mon objectif, c'est de lever les inquiétudes", a affirmé la ministre,

Des aides à l'insonorisation des habitations...

Pour les riverains de l'aéroport, c'est la douche froide. Elisabeth Borne a seulement promis des aides à l'insonorisation pour les habitations de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu en contrepartie des travaux d'agrandissement de l'aéroport actuel et s'est aussi engagée à discuter avec le maire de la commune des contraintes d'urbanisation de son territoire. "Le premier travail qu'on a à faire, c'est relier Nantes à Paris en moins de deux heures. (...) C'est bien la promesse et je vais m'assurer qu'elle est bien tenue", a souligné Elisabeth Borne.

La ministre a également rencontré le président (PS) du conseil départemental de Loire-Atlantique Philippe Grosvalet, la présidente (LR) de la région Pays de la Loire Christelle Morançais et la présidente (PS) de Nantes métropole, Johanna Rolland. "Cela conforte ce que nous avons toujours dit : rien n'était prêt, rien n'a été préparé, il n'y a aucun plan B", a déclaré la présidente de région dans un communiqué, "ce n'est pas acceptable, notre territoire ne peut attendre six mois supplémentaires". Pour le maire de Saint-Aignan-Grandlieu, Jean-Claude Lemasson, "on a eu un discours, on a une volonté affichée, mais rien sur la table".

Agrandissement de l'aéroport de Rennes

Christelle Morançais a annoncé son intention de réunir rapidement un "Parlement des territoires" élargi aux acteurs économiques, pour faire des propositions au gouvernement en matière d'infrastructures de transport, de numérique ou d'enseignement supérieur. Johanna Rolland, la maire de Nantes et présidente de Nantes métropole, a aussi soumis à la ministre de propositions sur la desserte de sa ville et la protection des populations survolées.

Après Nantes, Elisabeth Borne s'est rendue à Rennes pour discuter avec les élus locaux des perspectives d'agrandissement de l'aéroport de la ville, que le gouvernement s'est dit aussi prêt à développer après l'abandon d Notre-Dame-des-Landes.