Nouveau chèque de Rome pour sauver Alitalia : les aides d'état ne sont pas que dans le Golfe

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  475  mots
L'Etat italien a accordé un prêt relais de 600 millions d'euros à Alitalia pour renflouer les caisses de la compagnie et maintenir son activité le temps de trouver un éventuel repreneur. Rome a néanmoins indiqué qu'il n'entendait pas renationaliser la compagnie.

Les aides d'Etat au transport aérien ne sont pas que dans le Golfe ou pour les compagnies low-cost. Bien qu'il ne compte pas renationaliser Alitalia, placée administration extraordinaire en raison de ses difficultés financières, l'Etat italien a néanmoins signé un chèque de 600 millions d'euros sous forme de prêt relais pour renflouer les caisses de la compagnie et lui permettre de tenir quelques mois, le temps de trouver un hypothétique repreneur.

Plus de 8 milliards d'euros d'aides injectées par l'Etat

Nul doute que cette nouvelle aide financière attribuée sans avoir le feu vert de Bruxelles va faire réagir un certain nombre de concurrents, qui vont dénoncer une distorsion de concurrence. Ce fut déjà quand en 2008 quand Alitalia avait bénéficié d'un tel prêt relais, le deuxième en deux ans à l'époque. Au total ces dernières années, l'Etat italien a déjà injecté plusieurs milliards d'euros pour maintenir en vie Alitalia.

"Les citoyens ont déjà payé 7,5 milliards" d'euros au cours des dernières années lors des tentatives de sauvetage d'Alitalia, auxquels s'ajoute le prêt relais de 600 millions accordé mardi par le gouvernement pour permettre à la compagnie de voler encore six mois, a précisé le ministre du Développement économique Carlo Calenda.

"C'est donc huit milliards au total et les contribuables font très attention à la manière dont leur argent est utilisé et le gouvernement aussi doit faire très attention", a poursuivi le ministre, qui a une nouvelle fois exclu tout projet de nationalisation. Doivent s'ajouter les sommes de l'Etat d'Abu Dhabi depuis l'entrée dans le capital d'Etihad Airways (contrôlée à 100% par l'émirat) en 2014.

Adosser Alitalia à une grande compagnie internationale

Pour le gouvernement, l'objectif est de pouvoir trouver un repreneur, si possible un grand groupe de transport aérien auquel s'adosserait Alitalia.

"La chose importante à savoir est que sans une alliance avec une grande compagnie (aérienne) internationale, le sauvetage d'Alitalia risque d'être difficile", a indiqué le ministre.

Certes, encore faut-il qu'ils soient intéressés. Car, au vu de ses positions de marché, une reprise d'Alitalia n'apporte plus la garantie de mettre la main sur le marché italien.

Les low-cost représentent en effet 47% du marché. Par ailleurs les interférences politiques et les tensions sociales qui ont marqué la vie de la compagnie depuis plus de 15 ans n'incitent pas d'éventuels repreneurs à se mettre dans ce bourbier, du moins à reprendre l'ensemble d'Alitalia. Car, certaines activités d'Alitalia peuvent intéresser, notamment celle liée à l'aéroport de Milan Linate. Nous chercherons de toute évidence en priorité la vente de l'ensemble de la société dans un contexte où sa relance serait possible", a ajouté le ministre. Lufthansa a déjà indiqué qu'elle n'était pas sur ce dossier.