Alitalia peut-elle cette fois se sortir d'affaire ?

La compagnie italienne va être placée sous administration extraordinaire. Rome va demander à Bruxelles de pouvoir lui accorder un prêt relais pour lui donner du temps de retrouver un repreneur. Mais qui pourrait être intéressé?
Fabrice Gliszczynski
Il s'agit de la deuxième fois en 9 ans qu'Alitalia se retrouve en mauvaise posture.

Alitalia va-t-elle disparaître ? On n'en est pas encore là, mais la compagnie italienne se trouve une nouvelle fois sur une voie très dangereuse. Après le refus des salariés la semaine dernière de valider un plan de restructuration drastique qui aurait permis de déclencher une rallonge de deux milliards d'euros des actionnaires actuels, Etihad Airways et des banques italiennes Intesa Sanpaolo et Unicredit, ces derniers ont réitéré ce mardi devant le conseil d'administration d'Alitalia qu'ils ne remettraient pas au pot. Résultat, le conseil a décidé de placer la compagnie sous administration extraordinaire.

Prévue par la loi italienne, cette procédure prévoit que le gouvernement nomme un ou plusieurs administrateurs chargés de déterminer si l'avenir de la compagnie passe par sa vente totale ou partielle, ou si elle doit être démantelée. Pour l'heure, cette procédure n'a pas d'impact sur l'activité qui est maintenue.

Demande de prêt relais

L'Etat qui a plusieurs fois indiqué qu'il ne renationaliserait pas cette compagnie qui a déjà reçu 7,4 milliards d'euros d'argent public, entend néanmoins demander à Bruxelles l'autorisation de lui accorder un prêt un relais de plusieurs centaines de millions d'euros. Ceci pour permettre à la compagnie de maintenir son activité pendant quelques mois.

De quoi, espère-t-on à Rome, donner un peu de temps pour trouver un repreneur. Une telle procédure, si elle est acceptée par Bruxelles, provoquerait forcément la colère des concurrents qui considéreraient ce coup de pouce comme une énième aide d'État. Rome avait en effet déjà accordé de tels crédits relais en 2005 et en 2008.

La situation financière est extrêmement tendue. Les caisses sont presque vides. Et la médiatisation de la déconfiture de la compagnie risque de dissuader les clients de réserver leurs vacances d'été sur ses lignes et la priver ainsi de grosses rentrées de cash à cette période de l'année.

Qui peut reprendre?

Alitalia peut-elle s'en sortir ? Si l'expérience du transporteur transalpin est riche en rebondissements, un nouveau sauvetage miraculeux sera plus compliqué à trouver cette fois. Sans même parler d'un éventuel refus de Bruxelles de valider le crédit relais, un sauvetage d'Alitalia, si tant est qu'il soit possible, ne peut passer que par son adossement à une autre compagnie. Encore faut-il qu'Alitalia, quasiment en pertes depuis près de 20 ans, puisse intéresser quelqu'un.

Comment convaincre un repreneur industriel de se plonger dans une telle aventure quand les précédentes pourtant séduisantes sur le plan stratégique (l'alliance avec Air France-KLM) ou financier (Etihad a injecté des centaines de millions d'euros) n'ont pas réussi. Comment convaincre un repreneur de venir dans un tel bourbier ? Car contrairement aux sauvetages précédents, l'illusion de rafler le marché italien en mettant la main sur Alitalia n'existe plus. Les low-cost possèdent en effet aujourd'hui 47% du marché local. Lufthansa ne s'y est pas trompée. La compagnie allemande a déjà déclaré qu'elle n'était pas sur ce dossier.

Quelle solution italienne?

Aussi, faute de repreneur industriel, il ne serait donc pas surprenant qu'à court terme, le gouvernement italien cherche une nouvelle fois une solution italienne en poussant les industriels et d'autres banques à investir dans Alitalia. Là aussi, un tel scénario risquerait d'être plus compliqué que les précédents dans la mesure où une très grande partie des grands industriels a déjà été sollicitée depuis plus de dix ans.

Il s'agit de la deuxième fois en 9 ans qu'Alitalia se retrouve en mauvaise posture. Fin août 2008, quelques mois après l'échec des négociations avec Air France-KLM pour la reprise des parts de l'État italien dans Alitalia, celle-ci avait déjà été placée en redressement judiciaire. Le gouvernement Berlusconi poussa plusieurs industriels italiens à reprendre la compagnie en la fusionnant avec Air One, une autre compagnie italienne.

Fabrice Gliszczynski

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 09/05/2017 à 2:41
Signaler
Les italiens ne souhaitent pas nationaliser Alitalia ! Quand à laisser un pays subventionner son industrie, qu'en penserait AirFrance ? : seriez-vous pour qu'on subventionne AF ?? du coup, Madrid subventionnerait Iberia et vueling, Berlin financera...

à écrit le 04/05/2017 à 12:17
Signaler
Encore une compagnie que la Rome bruxelloise va jeter depuis sa roche tarpéeienne au nom de la concurrence libre et non faussée. Et la volonté des italiens, on en fait quoi? Ils ne sont plus libres de dépenser leur argent comme ils veulent? Il faut e...

à écrit le 02/05/2017 à 23:40
Signaler
Je précise : LH est déjà trop présent en Italie pour ne pas, d'une part susciter la méfiance des instances européennes, mais au final celle du gouvernement italien . De plus, LH devrait défaire toutes les alliances conclues par Alitalia dans Skyteam,...

à écrit le 02/05/2017 à 23:29
Signaler
Pour moi, AirFrance-KLM est quasiment le seul qui pourrait y trouver intérêt : 1/ ancrer le marché italien (où ce qu'il en reste) dans Skyteam ; 2/ reprendre la coopération franco-italienne , rentable pour le groupe Af-KLM; 3/ rééquilibrer la join...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.