Nouvelle année, nouveau plan pour Air France ?

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  647  mots
La compagnie va présenter le 15 janvier un plan de croissance dont l'ampleur dépendra des efforts consentis. La baisse de la facture carburant et l'amélioration des résultats financiers permettent de calibrer différemment les efforts demandés aux salariés.

Après le plan A (Plan Perform), le plan B, décomposé en deux parties, 2016 et 2017, Air France entend présenter le 15 janvier lors d'un comité central d'entreprise extraordinaire un "plan A+" pour sortir de l'impasse sociale dans laquelle elle est plongée depuis plus d'un an. Un plan de croissance qualifié d'"ambitieux" par le PDG d'Air France Frédéric Gagey dans sa convocation adressée jeudi aux représentants du personnel, dont l'ampleur dépendra du niveau d'efforts sur lequel sont prêts à s'engager les syndicats.

"Croissance à la carte"

"Une croissance à la carte", résume un connaisseur du dossier, qui évoque "une hausse de la flotte à terme, des recrutements, des déblocages des carrières". "Il s'agit d'un plan de développement avec une croissance qui peut être supérieure à celle prévue dans le plan A. Il permettrait d'éviter les 2000 suppressions de postes en 2017", explique un syndicaliste.

Premiers résultats positifs depuis 2008 pour Air France

Ce plan tient compte de la baisse du prix du baril et de l'amélioration des résultats financiers de la compagnie. "Il permet de calibrer différemment les efforts demandés", explique un observateur. Selon nos informations, Air France a dégagé en 2015 un résultat d'exploitation positif (son premier depuis 2008) compris entre 350 et 400 millions d'euros. Sa sœur KLM ayant peu ou prou réalisé la même performance, Air France-KLM a enregistré en 2015 plus de 700 millions d'euros de bénéfices d'exploitation. Et avec la baisse de la facture carburant attendue en 2016, les résultats vont encore s'améliorer l'an prochain. Au cours actuel, la facture carburant baisserait de 2 milliards de dollars, selon un expert.

Fin des ultimatums

Si la direction entend enclencher des négociations intenses avec les syndicats dans la foulée du CCE, elle n'est plus dans une logique d'ultimatum. En poste depuis le début de l'année, Gilles Gateau, le nouveau directeur des ressources humaines d'Air France, n'est pas favorable à de telles dates limites.

Pour rappel, en juin, la direction avait fixé au 30 septembre la signature d'accords de productivité du plan Perfom. A défaut, le conseil d'administration d'Air France-KLM avait lancé début octobre un plan B d'attrition du périmètre d'Air France avec la réduction de 10% de la capacité long-courrier et la suppression de 2.900 de postes en deux temps : une première partie en 2016 (-3% d'offre et près de 1.000 suppressions de postes), irréversible aujourd'hui (un plan de départs volontaires est prévu) et une seconde en 2017 (-7% d'offre, 2.000 suppressions de postes), laquelle pouvait néanmoins être évitée et remplacée par un retour au plan A (de croissance) si les syndicats signaient les accords d'ici à la fin de l'année. Cette date limite a ensuite été décalée à «janvier-février ».

Lire ici : Air France, quatre mois pour éviter le plan B

Aides de l'Etat?

Sur le papier, rien de bien nouveau donc dans la mesure où la direction a toujours proposé un plan de croissance contre une hausse de la productivité. Dans un courrier adressé aux salariés début septembre, Frédéric Gagey avait déjà expliqué les conséquences en termes de croissance d'une signature d'accords de productivité.

Néanmoins, ce plan, dans son esprit, semble aller dans le sens des pilotes qui ne cessent de demander plan de croissance. Le SNPL exige également l'aide de l'Etat pour améliorer la compétitivité du transport aérien français. Selon certains observateurs, l'Etat pourrait bouger comme Matignon l'a déjà évoqué, mais pas avant que les syndicats ne se soient engagés dans des efforts de productivité. Si la direction semble avoir changé son fusil d'épaule dans sa méthode, qu'advient-il du solde du plan précédent Transfom part les pilotes qui a envenimé toute l'année 2015 la relation entre la direction et le SNPL ?