Pécresse tacle la RATP pour son service dégradé, Castex demande le respect « de l'esprit de Coubertin »

Par latribune.fr  |   |  626  mots
« Je ne sais pas de quoi sera fait 2024, mais pour la RATP, aucun doute, l'ennui ne nous guettera pas » a déclaré Jean Castex, lors des voeux 2024 du groupe. (Crédits : POOL)
« Nous avons fermement l'intention de continuer à nous améliorer progressivement en 2024, d'ici fin mars, d'ici les Jeux », a déclaré mercredi le PDG de la RATP Jean Castex, en réponse aux critiques formulées la veille par la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, sur le manque de ponctualité des transports parisiens. Il appelle à l'unité pour résoudre les difficultés.

Ce n'est pas un duel à fleurets mouchetés. Le tacle haut porté mardi par Valérie Pécresse à la RATP a fait vivement réagir Jean Castex, son président. « Le rétablissement de la qualité de service promis pour 2023 se fait toujours attendre », a tancé la présidente de l'autorité organisatrice des transports en Ile-de-France. « Le retour à la normale post-Covid a trop tardé. »

Lire aussiRATP : l'Assemblée nationale vote l'ouverture à la concurrence des bus franciliens

Le lendemain, Jean Castex, à l'occasion des vœux du groupe pour 2024, n'a pas perdu l'occasion de lui répondre directement :

 « Si nous respectons l'esprit de Coubertin, il faut travailler en équipe, et ne pas se renvoyer les uns et les autres à leurs responsabilités. Nous avons fermement l'intention de continuer à nous améliorer progressivement en 2024, d'ici fin mars, d'ici les Jeux. »

Les lignes 3, 8, 12 et 13 du métro sont particulièrement en difficulté

D'après les derniers chiffres de novembre 2023, les lignes 3, 8, 12 et 13 du métro sont particulièrement en difficulté, avec moins de 85% d'offre réelle par rapport à l'offre prévue en heures de pointe. La ligne 6 faisait à peine mieux (85,12%). Pour le RER, les lignes B, C et D oscillaient autour de 80% de régularité. Un bilan que ne cherche pas à éluder l'ancien Premier ministre, à la tête de la RATP depuis un peu plus d'un an : « nous n'allons pas nier qu'il y a des problèmes, mais unis pour y faire face, nous avons un peu plus de chance de les résoudre ». Parmi ces écueils : la vétusté de l'infrastructure, un absentéisme du personnel récurrent depuis la pandémie et des difficultés à recruter.

« La vérité, c'est que si la question du manque de conducteurs était réglée, nous serions à plus de 90% de régularité sur toutes les lignes de métro aujourd'hui en difficulté », a estimé Valérie Pécresse, qui fustige l'indisponibilité des conducteurs et l'absentéisme récurrent qui frappe la RATP comme la SNCF. « Je rappelle incidemment que des moyens financiers exceptionnels leur ont été donnés par Île-de-France Mobilités afin de remotiver leurs salariés. »

En 2024, « l'ennui ne nous guettera pas »

« On a, sans doute durablement, changé de monde, et c'est toute notre politique RH (...) qui se trouve questionnée », a justifié Jean Castex, avant de promettre une politique plus ambitieuse sur le logement auprès de ses employés. Il s'est toutefois félicité que le groupe ait réussi à embaucher plus de 4.600 salariés, 70% de plus qu'en 2022, malgré l'abandon du régime spécial de la régie pour les nouveaux arrivants. Par ailleurs, les négociations battent leur plein à la RATP et la SNCF, où les salariés commencent à avoir une idée de ce à quoi ils auront droit s'ils acceptent de décaler leurs vacances pour être sur le pont pendant les Jeux olympiques de Paris. « On se dirige vers un bras de fer avec l'entreprise car on est très loin des attentes des salariés », assure le secrétaire général de FO-RATP Laurent Djebali, premier syndicat chez les conducteurs du métro. La RATP a promis un socle commun de 15 euros brut par jour à tous les salariés de l'entreprise. Des négociations se tiennent depuis dans chaque catégorie professionnelle. Celles qui concernent les conducteurs du métro et du RER n'ont toujours pas abouti.

Jean Castex a également pointé l'explosion du nombre de colis abandonnés, +260% en 2023 par rapport à 2022, causant des interruptions de trafic. Sur les lignes de métro plus durablement en difficulté, il a renouvelé son intention que leur automatisation soit accélérée. « Je ne sais pas de quoi sera fait 2024, mais pour la RATP, aucun doute, l'ennui ne nous guettera pas. »

(Avec AFP)