Circulation alternée : pourquoi la pollution ne baisse pas (tant que ça) ?

Par Mounia Van de Casteele  |   |  515  mots
Le site de location de voitures entre particuliers Ouicar a enregistré des hausses de demandes de 20% et de 22% grâce aux mesures de circulation alternée imposée ces deux derniers jours.
Les automobilistes préfèrent en effet louer une voiture avec la bonne plaque que renoncer à utiliser un véhicule. Les sites comme Ouicar le constatent.

La circulation alternée fait-elle vraiment baisser la pollution ? La question mérite en effet d'être posée, alors que la ville de Paris a mis en place cette mesure pour la cinquième fois en 20 ans, à cause de l'intense épisode de pollution atmosphérique hivernal, le pire depuis dix ans. Mardi, seuls les véhicules immatriculés avec un numéro "pair" de plaque pouvaient rouler, et c'est au tour des numéros impairs ce mercredi.

Oui mais voilà. En 2015 déjà, l'association agréée Airparif surveillant la qualité de l'air français concluait que la circulation alternée imposée en mars 2014 n'avait eu qu'un impact limité en matière environnementale. L'organisme avait en effet conclu à une baisse moyenne de trafic de 18% à Paris et de 13% en petite couronne, avec une diminution moyenne de pollution de 6% pour les particules fines et de 10% pour les oxydes d'azote.

Une mesure peu suivie

Cette année, mardi, le trafic s'est trouvé réduit de seulement 5 à 10% par rapport à une journée habituelle, selon Airparif. Le dispositif "n'a eu quasiment pas d'impact sur la pollution, ou en tout cas un impact très faible, même si les populations installées le long des grands axes de circulation en ont sûrement bénéficié", a expliqué Karine Léger, porte-parole de l'association de surveillance de la qualité de l'air sur la région, soulignant qu'Airparif n'avait même pas pu chiffrer cet effet.

Et pour cause, "la mesure a été trop peu suivie pour mettre en évidence un impact" sur la pollution de l'air, qui connaît un pic sur la capitale depuis une semaine, a indiqué à l'AFP Karine Léger.

Hausse de demande chez les loueurs

D'autant qu'au lieu de laisser leur voiture au garage, et d'opter pour un mode de transport alternatif (transports en commun, marche, vélo ou covoiturage) les automobilistes n'hésitent pas à louer un véhicule ayant la plaque adéquate...

Marion Carrette, la fondatrice de Ouicar, site de location de voitures entre particuliers rachetée par la SNCF en juin 2015, reconnaît ainsi avoir enregistré des pics inhabituels de demande de l'ordre de 20% ces deux derniers jours:

"Nous constatons une hausse des locations de 22%, effectivement liée aux mesures de circulation alternée. Car ces pics de demande sont assez inhabituels pour un lundi et un mardi. L'année passée nous avions mis en avant sur le site la parité du numéro de la plaque. En revanche, nous ne l'avons pas fait cette année, pour compliquer un peu la tâche des automobilistes qui cherchent à contourner les mesures anti-pollution. Cependant, nous mettons en avant les véhicules électriques et hybrides".

Reste donc à voir si la mise en place du système de vignettes, qui doit entrer en vigueur en début d'année, sera plus efficace que la circulation alternée, comme le faisait valoir un récent rapport parlementaire sur le sujet. En attendant, les transports en commun, eux, sont gratuits. Ce qui coûte d'ailleurs chaque jour quatre millions d'euros à la région, rappelle le Stif.