Reprise d'Aigle Azur : Air France ne change pas son offre

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  635  mots
(Crédits : Benoit Tessier)
Alors que l'administratrice judiciaire avait estimé lundi que toutes les offres de reprise de tout ou partie d'Aigle Azur étaient irrecevables et à parfaire, Air France a décidé de ne modifier la sienne qu'à la marge.

Article mis à jour vendredi 13 septembre à 00h40

Mauvaise nouvelle pour les salariés d'Aigle Azur. Alors que les 14 candidats à la reprise de la compagnie en redressement judiciaire avaient jusqu'à hier soir pour déposer leur offre améliorée comme l'avait demandé lundi l'administratrice judiciaire qui les jugeaient toutes irrecevables en l'état, Air France, le candidat privilégié des nombreux syndicats d'Aigle Azur, n'a modifié son offre qu'à la marge. Selon nos informations, les conseils d'administration d'Air France et d'Air France-KLM se sont réunis mercredi 11 septembre et ont décidé de ne pas modifier leur offre, à ce stade.

Air France envisageait l'ouverture de  515 postes

Pour rappel, la compagnie demandait le transfert de 100% des créneaux horaires d'Aigle Azur pour les utiliser avec des moyens propres sur les lignes reliant la France à l'Algérie, le Liban, et le Portugal. En termes d'emplois, la compagnie s'engageait à ouvrir "à l'ensemble des salariés d'Aigle Azur qui souhaiteraient postuler à Air France un processus de sélection dédié". Dans le cadre de ce processus, Air France envisageait d'ouvrir 515 postes sur les 1.150 salariés que compte la compagnie, dont 350 en Algérie. Un tel schéma, avec des propositions de reclassement sans garantie puisqu'il faut passer une sélection, n'est pas compatible avec les règles européennes sur les créneaux horaires de décollages, élément clé dans ce dossier.

Lire ici pour comprendre la problématique des créneaux: Reprise d'Aigle Azur : le gendarme des créneaux aéroportuaires pose ses conditions

Comme l'a rappelé récemment le gestionnaire des créneaux horaires en France, Cohor, à l'administratrice judiciaire, les transferts de créneaux ne sont possibles en effet que s'ils accompagnent une reprise d'activité totale ou partielle, c'est-à-dire la reprise des moyens de production attachés à cette activité : avions, personnels avec leur contrats de travail Aigle Azur... En ne reprenant pas les salariés de manière automatique avec leur contrat de travail et en reprenant pas les contrats de location d'Aigle Azur, l'offre d'Air France ne tient pas compte de la notion de branche autonome d'activité, une notion clé dans le transport aérien pour les reprises d'entreprise en redressement judiciaire mais aussi en liquidation. Elle implique de reprendre tout ce qui permet à une activité de fonctionner.

"On ne reprend pas ce que l'on veut. Il faut reprendre tout ce qui constitue une branche autonome d'activté", rappelle un expert.

"Air France n'a pas fait une offre de reprise d'une entreprise mais une offre de reprise d'actifs. Or il n'y a pas d'actifs", explique un proche du dossier, rappelant que les créneaux horaires horaires n'étaient pas cessibles et qu'ils consituaient des accessoires. "L'offre d'Air France est la pire offre au sens où Air France avait tous les moyens pour acquérir l'entreprise", déplore cette source.

Un coup dur pour la reprise. "100% de l'avenir de compagnie dépend d'Air France. Il n'y a qu'Air France qui est capable de reprendre la boîte dans le cadre d'une cession rapide", expliquait mercredi un bon connaisseur du dossier. Air France semble donc attendre la liquidation d'Aigle Azur où elle pourra faire une offre sous une autre forme.

Audience lundi au tribunal de commerce

Sauf si un autre candidat (ou plusieurs) a déposé une offre jugée recevable, la liquidation semble inévitable. Une audience est prévue lundi 16 septembre au tribunal de commerce d'Evry.

En cas de liquidation judiciaire, les créneaux horaires d'Aigle Azur seront sous le contrôle du Cohor, le gestionnaire des créneaux en France qui laissera un mois au liquidateur pour constituer « des branches d'activités à céder », composée d'avions, de personnels... Si le processus échoue les 9.600 créneaux d'Aigle Azur seront ensuite distribués comme ce fut le cas en 2003 pour Air Lib, Aéris et Air Littoral.