SNCF : Farandou, le PDG, obligé "d"emprunter sur les marchés pour payer les salaires"

Par latribune.fr  |   |  480  mots
Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe SNCF. (Crédits : Reuters)
Le groupe public, qui devrait perdre "entre 1,5 et 2" milliards d'euros cette année, ne souhaite pas faire appel une nouvelle fois à l’État. Pour faire face aux dépenses courantes, la SNCF emprunte sur les marchés. Lors de la présentation des résultats semestriels, le groupe avait annoncé "emprunter l'équivalent de (son) déficit pour faire face aux dépenses courantes". La SNCF annonçait disposer d'une ligne de crédit de 3,5 milliards d'euros, pour une trésorerie disponible de 8,7 milliards d'euros.

Alors que les tensions sociales sont de retour à la SNCF, avec un appel à la grève sur une partie du réseau TGV pour les fêtes de Noël, notamment dans le cadre des négociations salariales, c'est une autre problématique qui inquiète la direction de l'entreprise ferroviaire : le financement des dépenses courantes. "J'emprunte sur les marchés financiers pour payer les salaires du mois de décembre !", a rappelé son PDG Jean-Pierre Farandou, ce mercredi matin dans le Club de l'économie du Monde.

Un exercice 2021 encore déficitaire

Le groupe public devrait perdre "entre 1,5 et 2" milliards d'euros cette année et, "dans ces conditions, envisager une augmentation salariale n'est pas chose aisée".  La SNCF avait déjà perdu 780 millions d'euros au premier semestre de l'année après avoir subi l'impact du troisième confinement au printemps. Le groupe avait perdu 3 milliards d'euros en 2020.

Si l'entreprise publique emprunte sur les marchés, c'est qu'elle n'entend pas faire appel à l'aide de l'État pour boucler l'année 2021 dans un contexte où la puissance publique a déjà fortement contribué à la sauvegarde de l'entreprise. Le groupe a également exclu la possibilité de recourir à une nouvelle cession d'actifs, se limitant à la cession actée en octobre de sa filiale de location de wagons de fret Ermewa, qui devrait lui rapporter 3 milliards d'euros.

Lors de la présentation des résultats semestriels, le groupe avait annoncer « emprunter l'équivalent de (son) déficit pour faire face aux dépenses courantes ». La SNCF annonçait disposer d'une ligne de crédit de 3,5 milliards d'euros, pour une trésorerie disponible de 8,7 milliards d'euros.

Une dette qui continue de se creuser

Et si la SNCF peut se permettre d'emprunter, l'État est loin d'y être étranger. Celui-ci a offert un véritable bol d'air au groupe en reprenant une grande partie de la dette de SNCF Réseau, à hauteur de 25 milliards d'euros début 2020 et de 10 milliards d'euros supplémentaires début 2022. Il a également réalisé une augmentation de capital de la société de tête, SNCF SA, à hauteur de 4 milliards d'euros dans le cadre du plan de soutien au secteur ferroviaire.

Depuis ces mesures, et alors que le groupe affirme que le désendettement est une priorité, la dette de la SNCF est repartie à la hausse. Pour faire face à un flux de trésorerie libre déficitaire de 2,8 milliards d'euros en 2020, le groupe a emprunté autant. Et le niveau d'endettement s'est à nouveau accru de 256 millions d'euros au premier semestre pour atteindre 38,4 milliards d'euros. Pour autant, le groupe ferroviaire maintient son objectif d'un flux de trésorerie libre (« free cash flow ») à l'équilibre en 2022 - et donc d'arrêter de brûler du cash - conformément à l'engagement pris avec l'Etat lors de la réforme ferroviaire de 2018.

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