SNCF : la CGT et Sud douchent les espoirs de réforme de la direction et du gouvernement

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  489  mots
Guillaume Pepy, le président du directoire de la SNCF
En obtenant 51% des voix aux élections professionnelles, la CGT Cheminots et Sud Rail conservent leur droit d'opposition à la signature de tout accord d'entreprise. Un vote qui pèse lourd à l'heure où direction et syndicats doivent négocier un nouveau cadre social d'ici à juillet 2016.

Les résultats des élections professionnelles à la SNCF ont douché les espoirs de la direction et du gouvernement de voir la CGT et SUD Rail passer à eux deux sous la barre des 50% des voix. Un score qui leur aurait retiré leur droit d'opposition à la signature de tout accord d'entreprise.

A l'heure où la direction doit négocier avec les syndicats en 2016 un nouveau cadre social dans lequel l'épineuse question de l'organisation du  temps de travail sera le sujet central, direction et gouvernement souhaitaient que les deux syndicats contestataires recueillent moins de 50% des voix. Cela n'a pas été le cas. Avec 34,33% des voix pour la CGT Cheminots et 16,83% pour Sud Rail, les deux organisations professionnelles dépassent les 51% des voix, contre 52,12% lors des élections précédentes.

Coup dur

Un coup dur pour la direction qui n'hésitait pas à présenter ces élections comme "un moment de vérité". Le directeur des ressources humaines (DRH) du groupe, Jean-Marc Ambrosini, a beau déclarer : "dans la configuration précédente, nous avions su trouver les voies du dialogue. C'est donc avec la même volonté que nous allons continuer pour les rendez-vous importants de la fin d'année et du premier semestre 2016".

Il n'empêche, la direction risque de se retrouver dans l'incapacité de signer des accords d'entreprise qui permettraient de générer des gains de productivité et d'affronter la concurrence des autres modes de transport (compagnies aériennes low-cost, covoiturage, bus...), et à plus long terme, des autres opérateurs ferroviaires quand l'ouverture du marché intérieur ferroviaire sera ouvert.

51ème congrès de la CGT en avril

Difficile en effet d'imaginer la CGT Cheminots faire des concessions au moment où se tiendra en avril le 51ème congrès de la CGT.

"La structure de coûts est totalement incompatible avec la concurrence", expliquait récemment à La Tribune une source ministérielle. Selon elle, la situation à long terme de la SNCF est aussi inquiétante que celle d'Air France.

Trouver un accord d'ici à juillet 2016

La direction et les organisations professionnelles ont jusqu'à juillet pour trouver un accord. Les négociations doivent débuter début 2016. A défaut d'accord, l'entreprise peut, sur le papier, imposer de manière unilatérale ses conditions de travail. Un schéma néanmoins peu plausible dans les faits sauf à mettre le feu aux poudres chez les cheminots à moins d'un an de l'élection présidentielle.

L'État se retrouve dans l'embarras. Dans les négociations en cours avec la SNCF sur le contenu des contrats de performances pour les 10 prochaines années (dans lesquels figurera le volume des investissements qu'il prévoit au cours de cette période), l'État doit demander des efforts de productivité à la SNCF. Quel sera le contenu de la demande ? Va-t-il réviser ou à la baisse ses desiderata pour ne pas braquer les syndicats ? Ou bien demander des efforts conséquents au risque de provoquer un conflit social.