Un hard Brexit risque de faire exploser le groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling, Aer Lingus)

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  582  mots
Même si le groupe IAG est enregistré en Espagne, ses capitaux sont majoritairement britanniques. Dans un schéma de "hard Brexit", le groupe serait donc contrôlé par des capitaux non communautaires (sans parler des 20% de Qatar Airways). Or, une compagnie d'un pays tiers ne peut détenir plus de 49% du capital d'une entreprise de l'Union européenne.
La rupture "claire et nette" du Royaume-Uni avec l'Union européenne tourne au cauchemar pour IAG, la maison-mère de British Airways, de l'Irlandaise Aer Lingus et des espagnoles Iberia et Vueling. Pour le PDG d'Air France-KLM, un hard Brexit provoquerait l'explosion du groupe car celui-ci ne pourrait plus détenir ses compagnies membres d'un pays de l'UE.

Une sortie de l'Union européenne « claire et nette ». Tel est le choix de la première ministre britannique Theresa May pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE. Ce qui n'était que le scénario du pire pour les compagnies aériennes britanniques devient la ligne officielle du Royaume-Uni. Un cauchemar pour Easyjet et le groupe IAG, propriétaire de British Airways, mais aussi de l'irlandaise Aer Lingus, et des espagnoles Iberia et Vueling. Car, même si la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne reste à négocier avec Bruxelles et notamment le volet du transport aérien, le discours de Theresa May en faveur d'un hard Brexit, sans "statut de membre partiel qui nous laisserait à moitié dedans et à moitié dehors", assombrit les perspectives de ces deux compagnies.

Le problème d'Easyjet : l'accès au marché européen

Et ce pour des problématiques différentes. Celle concernant Easyjet a été la plus médiatisée. Une sortie du Royaume-Uni du marché unique du transport aérien sans dérogation comme en bénéficient la Norvège ou la Suisse, lui interdirait d'accéder librement au ciel européen. Un handicap majeur pour l'une des rares compagnies paneuropéenne d'Europe (avec Ryanair), qui a fondé son succès depuis 20 ans sur la possibilité de voler au départ et à destination de n'importe quelle ville européenne.

La compagnie à bas coûts a déjà annoncé une parade. Elle va demander un certificat de transport aérien (CTA) dans un pays de l'Union européenne pour y créer une filiale dans le but de maintenir son accès au marché de l'UE. L'Irlande a même été évoquée par la presse outre-Manche. Ce qui permettrait de bénéficier du faible coût du travail en vigueur dans ce pays.

Pour autant, explique un bon connaisseur des règles européennes, une telle filiale, si elle était détenue par des capitaux majoritairement britanniques, perdrait sa licence le jour où le Royaume-Uni sortira de l'UE.

Celui de IAG : le maintien du contrôle d'Iberia, Vueling et Aer Lingus

La problématique est différente et encore plus complexe pour IAG. Car, un hard Brexit va poser inévitablement la question, pour ce groupe, de la propriété et du contrôle d'Iberia, de Vueling et d'Aer Lingus, trois compagnies originaires de pays membres de l'UE. Le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac avait déjà donné son point de vue, lors d'une audition au Sénat fin novembre.

Dans le cas d'un hard Brexit, «IAG n'aurait plus le droit de posséder toutes ces compagnies et le groupe éclaterait», assurait-il.

En effet, même si le groupe IAG est enregistré en Espagne, ses capitaux sont majoritairement britanniques. Dans un schéma de "hard Brexit", le groupe serait donc contrôlé par des capitaux non communautaires (d'autant plus que, outre, les capitaux britanniques, 20% du capital sont détenus par Qatar Airways). Or, une compagnie d'un pays tiers ne peut détenir plus de 49% du capital d'une entreprise de l'Union européenne. Et quand bien même IAG mettait en place un système de gouvernance dans lequel il ne détiendrait plus que 49% du capital aux côtés d'investisseurs communautaires, il ne pourrait pas, toujours selon les règles de de Bruxelles, en assurer le contrôle. Par ailleurs, la filiale française de British Airways, Openskies, perdrait automatiquement sa licence dès la sortie du Royaume-Uni de l'UE.