Allemagne : l'énergéticien RWE veut fermer ses centrales à charbon d'ici 2030

Par latribune.fr  |   |  763  mots
(Crédits : Wolfgang Rattay)
Longtemps l'un des plus gros émetteurs de CO2 d'Europe, le géant allemand de l'énergie RWE a annoncé mardi vouloir arrêter la production d'électricité au charbon d'ici 2030 dans le bassin minier rhénan, avançant de huit ans ses plans. Cette décision intervient alors que le gouvernement d'Olaf Scholz a été contraint de prolonger temporairement l'activité de plusieurs centrales à charbon pour faire face à la crise énergétique déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine.

En plein crise énergétique, malgré le prolongement de l'activité de plusieurs centrales à charbon en Allemagne, l'objectif du gouvernement allemand de sortir du charbon en 2030 n'est pas remis en cause. Pour preuve, l'annonce qui a été faite ce mardi par RWE, premier producteur d'électricité d'Allemagne :

« Nous allons mettre fin à la production d'électricité au lignite en 2030 soit deux fois plus vite que prévu », a déclaré le patron de RWE, Markus Krebber, lors d'une conférence de presse.

Concrètement, trois centrales au charbon d'une capacité de 1.000 MWh chacune seront arrêtées d'ici la fin de la décennie en Rhénanie du Nord-Westphalie (RNW), une région de l'ouest du pays régulièrement cible d'actions de militants écologistes contre l'extension de mines géantes de charbon à ciel ouvert. Deux centrales électriques au lignite de RWE, chacune d'une capacité de 600 mégawatts, vont rester en activité jusqu'en 2024, alors qu'elles devaient s'arrêter de fonctionner fin 2022 selon les plans initiaux.

Cela permettra d'économiser 280 millions de tonnes de CO2, a précisé le ministre écologiste de l'Économie, Robert Habeck. La crise énergétique, liée au tarissement du gaz russe qui fait flamber les prix, « concentre toute notre attention », mais « la crise structurelle de notre époque (...) est assurément le réchauffement climatique », a martelé Robert Habeck.

Une transition énergétique bouleversée par la guerre en Ukraine

Le chancelier allemand, qui gouverne avec les écologistes et des libéraux, avait fixé comme objectif d'abandonner la production d'électricité via les centrales à charbon en 2030. Mais la guerre en Ukraine a bouleversé la stratégie de transition énergétique de l'Allemagne, dont l'industrie est très dépendante du gaz russe.

Forcé de trouver rapidement des alternatives, la coalition au pouvoir (écologistes et libéraux), qui ambitionnait de sortir du nucléaire en 2022, a décidé de prolonger la durée d'exploitation des trois dernières centrales en activité dans le pays. De même pour le charbon. Berlin a décidé d'augmenter le recours à cette énergie fossile très polluante qui devait pourtant disparaître du pays en 2030. Ainsi, en mars dernier, un plan visant à réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles russes prévoyait que « le démantèlement des centrales à charbon pourrait être suspendu jusqu'à nouvel ordre».

Puis, en juin, le gouvernement avait déclaré qu'il utiliserait des centrales à charbon dites « de réserve », ne servant actuellement qu'en dernier recours, pour garantir la sécurité énergétique du pays.

Ce retour vers le charbon n'est toutefois pas nouveau en Allemagne. Avant même le déclenchement de la guerre en Ukraine et l'envolée des prix du gaz, le pays avait déjà un recours accru au charbon afin de pallier la sortie du nucléaire et en attendant que les énergies renouvelables se développent suffisamment.

Une stratégie de sortie du nucléaire qui, elle aussi, semble patiner. Alors que l'atome devait, outre-Rhin, tirer sa révérence en fin d'année, après l'engagement en 2011 de l'ancienne chancelière Angela Merkel d'en sortir, le ministre de l'Économie et du Climat, Robert Habeck, a finalement confirmé début septembre que deux centrales nucléaires allaient être laissées en veille jusqu'à mi-avril 2023.

RWE investit dans les énergies propres

Dans ce contexte, pour garantir la sécurité de l'approvisionnement en électricité de la première économie européenne, deux centrales électriques au lignite de RWE, chacune d'une capacité de 600 mégawatts, vont rester en activité jusqu'en 2024, alors qu'elles devaient s'arrêter de fonctionner fin 2022 selon les plans initiaux.

Toutefois, RWE se prépare à "l'après". Ce groupe, qui se classait en tête des plus gros pollueurs d'Europe ces dernières années, a pris le virage vers des sources d'énergie propres. RWE veut investir plus de 50 milliards d'euros dans le monde d'ici 2030 afin d'accélérer la transition énergétique. Quelque 15 milliards d'euros d'investissement sont prévus pour l'Allemagne.

« La sortie plus rapide du charbon peut réussir (...) si nous avons une expansion massive des réseaux renouvelables », a ajouté le ministre de l'Économie et du Climat, Robert Krebber.

L'Allemagne entend réduire de 65% ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à 1990, et devenir neutre en carbone en 2045 - cinq ans avant l'échéance fixée par la Commission européenne pour tout le continent.

(Avec AFP)