Climat : les COPs sont devenues des opérations de communication, juge Greta Thunberg

Par latribune.fr  |   |  690  mots
Telles qu'elles sont, les COP ne fonctionnent pas vraiment a expliqué la militante écologiste Greta Thunberg. (Crédits : JOHANNA GERON)
La militante écologiste a estimé dimanche que les conférences de l'Onu sur les climat, les COP, sont devenues des machines à "greenwashing" et qu'elles doivent au contraire servir à mobiliser pour forcer les dirigeants à agir. La Cop27 se tenir en Egypte, à Charm-El-Cheik, du 6 au 18 novembre.

À quelques jours du lancement de la Cop27, qui va se tenir en Egypte, à Charm-El-Cheik, du 6 au 18 novembre, la militante écologiste Greta Thunberg, a jugé que ces conférences de l'Onu sur le climat, étaient devenues des opérations de communication, des machines à "greenwashing" pour prétendre que les dirigeants agissent en faveur du climat quand ce n'est pas le cas. Ces rendez-vous devraient, au contraire, servir à mobiliser pour forcer les gouvernants à agir.

« Telles qu'elles sont, les COP ne fonctionnent pas vraiment, à moins qu'on les utilise comme une opportunité pour mobiliser » a poursuivi l'activiste suédoise, qui participait dimanche à une séance de questions réponses à Londres pour le lancement de son Grand livre du climat« L'espace pour la société civile cette année est extrêmement limité » a-t-elle fait valoir.

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Les COPs, dont la précédente s'était tenue à Glasgow, « ne sont pas vraiment destinées à changer le système » mais à encourager des progrès graduels devenus vains au regard de l'urgence climatique, a argumenté la militante de 19 ans. Elle a répété encore et encore que la crise climatique n'était pas le fait de l'humanité toute entière mais des plus riches alors que les plus pauvres ou ceux qui ont été « historiquement exploités en souffrent le plus ». Au lieu d'aller dans la bonne direction, le monde va à toute vitesse dans le mur, prévient-elle, notant par exemple que « la quantité d'électricité produite à partir de charbon », carburant le plus polluant, « a atteint un record historique l'an dernier ».

L'objectif de « 1,5 degré est en réanimation »

La semaine dernière, le patron de l'ONU avait lui aussi appelé à cesser le "greenwashing". Les engagements internationaux laissent la Terre sur la trajectoire d'un réchauffement de 2,6°C, un résultat « pitoyablement pas à la hauteur », alors que 2022 a déjà vu se multiplier les catastrophes climatiques, avait déploré Antonio Guterres. « Très loin » des engagements des pays signataires de l'accord de Paris, qui s'étaient engagés à limiter la hausse des températures à 1,5°C ou 2°C.

Lors de la dernière conférence mondiale sur le climat, la COP26 tenue il y a un an à Glasgow, les pays avaient pourtant été appelés à rehausser chaque année leurs « contributions déterminées au niveau national » (NDC), au lieu de tous les cinq ans comme le prévoyait l'accord signé en 2015. Mais seulement une vingtaine de pays ont soumis une NDC nouvelle ou renforcée. L'objectif de « 1,5 degré est en réanimation » a estimé patron de l'ONU, Antonio Guterres pour qui « nous allons vers des développements catastrophiques ». « Je dirai que nous avons deux ou trois ans pour changer de trajectoire », a-t-il dit sur la BBC.

Car selon les experts de l'ONU, les émissions mondiales doivent baisser de 45% d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 2010, pour tenir cet objectif, fixé par rapport aux températures moyennes de l'ère-préindustrielle, quand l'humanité a commencé à utiliser massivement des énergies fossiles, produisant des gaz à effet de serre qui causent le réchauffement. Mais pour l'heure, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a annoncé que la concentration de méthane, un puissant gaz à effet de serre, a fait un bond sans précédent dans l'atmosphère en 2021 pour atteindre un niveau record. Le CO2 et le protoxyde d'azote continuant également à battre des records.

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Dans une étude séparée sur les stratégies à long terme vers la « neutralité carbone », l'ONU Climat calcule que les émissions des pays ayant adopté de tels plans pourraient baisser d'environ 68%, s'ils sont effectivement mis en œuvre. Mais prévient aussitôt que « beaucoup » de ces plans sont « incertains » et sans application concrète. Le dernier rapport des experts climatiques de l'ONU (Giec), publié en 2021/22, a souligné le peu de temps restant pour assurer un « avenir vivable » à l'humanité. Mais les scientifiques rappellent que chaque fraction de degré de réchauffement évité compte et qu'il faut donc agir.

(Avec AFP)