Climat : trois ONG menacent BNP Paribas d’un procès pour inaction climatique

Les engagements des banques en faveur du climat sont régulièrement contestés par les ONG à mesure qu’ils deviennent de plus en plus précis et chiffrés. Plusieurs associations, dont Oxfam, montent d’un cran la pression, à la veille du Climate Finance Day à Paris, en préparant une action en justice à l’encontre de BNP Paribas, « premier financeur européen et cinquième mondial du développement des énergies fossiles », selon l'ONG.
Selon les ONG, la banque BNP Paribas est le « premier financeur européen et le cinquième mondial du développement des énergies fossiles ». Parmi les principaux clients de BNP Paribas figurent les grandes majors pétrolières et gazières ENI, Shell, BP, Saudi Aramco, et  Total, selon l'ONG ReclaimFinance.
Selon les ONG, la banque BNP Paribas est le « premier financeur européen et le cinquième mondial du développement des énergies fossiles ». Parmi les principaux clients de BNP Paribas figurent les grandes majors pétrolières et gazières ENI, Shell, BP, Saudi Aramco, et Total, selon l'ONG ReclaimFinance. (Crédits : Reuters)

À la veille du Climate Finance Day, ce grand raout annuel de la "finance verte" de la Place de Paris, la charge de plusieurs ONG à l'encontre de BNP Paribas est violente : Oxfam, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous, qui ont déjà fait condamner l'État Français pour son « inaction climatique », viennent de mettre en demeure le premier groupe bancaire européen de cesser de financer de nouveaux projets pétroliers et gaziers.

Avec une menace clairement brandie : une éventuelle action en justice pour contraindre la banque à renforcer ses engagements climatiques.

Les trois ONG estiment en effet que, malgré ses engagements climatiques, notamment de sortir de la filière charbon et du gaz de schistes, le groupe bancaire français est toujours le « premier financeur européen et le cinquième mondial du développement des énergies fossiles », avec 55 milliards de dollars de financements nouveaux entre 2016 et 2021, dont 43 milliards dans les huit plus grandes compagnies pétrolières et gazières.

En septembre dernier, la banque avait déjà été visée par une action de l'ONG Reclaim Finance, qui encourage les clients de la banque à domicilier leurs comptes auprès d'établissements plus vertueux sur le climat. En France, BNP Paribas n'est pas le seul groupe bancaire à être mis en cause pour l'insincérité de ses engagements climatiques. Crédit Agricole, autre mastodonte de la finance, est également dans le collimateur des ONG.

Dans cette bataille de chiffres et de communication, ce sont logiquement les plus grands groupes qui sont mis en l'index, au prorata de leurs poids dans le financement d'une économie qui reste toujours très majoritairement carbonée.

Instruire le procès « d'un financeur du chaos climatique »

Les trois ONG entendent se saisir de la loi de 2017 sur le « devoir de vigilance », qui impose aux grandes entreprises de prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l'environnement, pour instruire le procès « d'un financeur du chaos climatique ». Pour les associations, le soutien de BNP Paribas aux énergies fossiles est en contradiction avec les objectifs de réduction des émissions de carbone de l'Accord de Paris de 2015.

Cette nouvelle campagne s'inscrit dans une volonté croissante des ONG de porter le combat climatique devant les tribunaux. En 2021 aux Pays-Bas, sur une plainte de Greenpeace, un tribunal a notamment condamné pour la première fois le géant pétrolier Shell à accélérer son plan de réduction des émissions de carbone. De même, TotalEnergies est actuellement poursuivi en justice, également pour violation de devoir de vigilance, sur son mégaprojet d'exploration Tilenga & EACOP en Ouganda... que les banques françaises ne financeront pas (même si BNP Paribas est la principale banque de TotalEnergies avec Crédit Agricole).

L'alibi des énergies renouvelables

De son côté, BNP Paribas, qui a rejoint en 2021 la Net-Zero Banking Alliance, assure mener une transformation en profondeur de ses métiers pour les aligner sur les objectifs des Accords de Paris. Le groupe a d'ailleurs publié, en mai, pour la première fois, un « rapport d'analyse et d'alignement pour le climat ». Le groupe compte réduire son exposition à la production de pétrole et de gaz de 12% à l'horizon 2025, et de 25% pour la seule production de pétrole, avec une évaluation des avancées désormais réalisée chaque année.

La banque s'est également engagée à ne plus financer les entreprises liées aux énergies non conventionnelles. Enfin, preuve de sa retenue, la banque affirme que son exposition au secteur de l'énergie représente, à la fin 2021, moins de 4% de ses encours de crédit, avec une montée en puissance du financement des énergies renouvelables.

C'est d'ailleurs l'un des axes de la communication des banques de promouvoir les énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles. La Fédération bancaire française (FBF) vient d'ailleurs de rappeler que pour « 1 euro investi dans le fossile, 4 euros sont investis dans les énergies renouvelables ».

Les banques prises en étau

Entre une opinion publique de plus en plus mobilisée sur les sujets climatiques et des engagements qui passent de plus en plus de la théorie à la pratique, le secteur bancaire marche désormais sur un fil. À tel point qu'un discours commence à se faire entendre sur l'intérêt pour une banque de se fixer des engagements chiffrés, voire même d'organiser une journée sur le climat !

Le contexte économique très incertain et les tensions actuelles sur les marchés de l'énergie ne plaident pas non plus pour placer le climat au top des priorités du secteur financier. En ce sens, les propos au printemps dernier de l'ancien patron de l'investissement responsable chez HSBC, pour qui il existait d'autres risques autrement plus importants à traiter que le climat, avait secoué les esprits.

Reste que la "finance verte" est désormais un mouvement engagé et il apparaît impossible de revenir en arrière. D'autant qu'elle est perçue, malgré tout, en Europe comme un atout pour l'industrie financière, compte tenu de son avance par rapport aux États-Unis. La transition énergétique est sans doute le levier de croissance le plus important de ce siècle.

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Commentaires 9
à écrit le 26/10/2022 à 21:27
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L'Etat de droit est dévoyé par la tyrannie des minorités. Soit on saura réintégrer dans la communauté nationale ces tyrannies individuelles abusivement décomplexées, soit elles finiront par avoir la peau de l'Etat de droit. Et on perdra gros à perdre...

le 26/10/2022 à 23:45
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Qui vous dit qu’ils sont minoritaires ?

le 27/10/2022 à 12:06
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slm, leur plus grande force est de NE PAS se confronter aux outils démocratiques. Un peu les mêmes armes que dans "certains" pays. Si c'est votre idéal.... De toutes façons, comment avoir la moindre considération pour une bande de rigolos européens q...

le 27/10/2022 à 14:08
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Il faut retirer à ces officines qui ne représentent qu’elles même le droit d’aller en justice et de soutirer de l’argent aux contribuables ou, pour les entreprises, aux salariés et aux actionnaires ! Ce genre de racket légalisé se met avec l’aide des...

à écrit le 26/10/2022 à 16:02
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C'est le discours et les actions habituelles des anti économie libérale, basée sur enrichissement égal capitaliste, pour eux doit dépendre d'un état omnipotent, irréprochable et compétant, demi dieu ou papa de la nation, . Cela s'apparente à l'URS...

à écrit le 26/10/2022 à 15:15
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OXFAM vire 1450 personnes sur leur dos exploite dans le cadre de licenciements boursiers pour son plus grand benefice, donc a besoin de se refaire en demandant de l'argent ultrahyperneotolerant a des gens qui n'ont rien demande.....est ce que OXFAM f...

à écrit le 26/10/2022 à 15:06
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Que proposent de sérieux (hors moulins à vent et panneaux photovoltaiques chinois) toutes ces ONG qui refusent tout, hormis leur petit "localisme" qui ne fera jamais vivre des millions de Français ou d'Européens ? Surtout où Chinois, Américains et bi...

à écrit le 26/10/2022 à 13:53
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C'est de la dictature. Faire une campagne anti BNP pourquoi pas, mais les mettre en procès c'est cela devient du stalinisme.

à écrit le 26/10/2022 à 13:24
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Pourquoi vous, les médias, relayez vous les opinions des ONG ? Tout le monde s'en fiche, de ces ONG

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