Pour respecter l'accord de Paris, les géants du pétrole vont devoir réduire leur production

Par latribune.fr avec AFP  |   |  382  mots
(Crédits : Reuters)
Selon l'organisation britannique Carbon Tracker, Total et les grands groupes pétroliers et gaziers doivent significativement la voilure.

Quatre ans après l'accord de Paris sur le climat, les grands groupes pétroliers et gaziers mondiaux sont encore loin du compte, dénonce Carbon Tracker. Dans une étude publiée vendredi 1er novembre, le think tank britannique assure en effet que ces géants de l'énergie fossile, dont fait partie Total, vont devoir réduire leur production d'un tiers au cours des 20 prochaines années pour tenir les objectifs fixés en 2015.

"L'industrie tente d'avoir le beurre et l'argent du beurre: réassurer leurs actionnaires et se apparaître favorable à l'accord de Paris, tout en produisant davantage d'énergie fossiles", souligne Mike Coffin, analyste de Carbon Tracker.

L'accord - signé par des États et qui ne concerne pas directement des entreprises privées - s'engage sur un objectif de réchauffement de "nettement en dessous de deux degrés" par rapport à l'ère pré-industrielle, et si possible 1,5 degré.

Total dans la moyenne

Les émissions de CO2 contribuant au réchauffement climatique selon un modèle connu, il est possible de calculer un "budget carbone" planétaire pour différents scénarios. Au rythme mondial d'émissions actuel, le "budget" d'un scénario à 1,5 degré sera épuisé dans 13 ans, celui à 1,75 degré dans 24 ans, souligne Carbon Tracker.

Pour rester dans le "scénario" de l'accord de Paris, les sept "majors" du pétrole et du gaz (les américaines ExxonMobil, Chevron et ConocoPhillips, l'anglo-néerlandaise Shell, la française Total, la britannique BP, l'italienne Eni) vont ainsi devoir réduire leurs émissions totales de 40% et leur production de 35%, calcule l'ONG.

"Si les entreprises assurent soutenir l'accord de Paris, elles prévoient de produire toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon", souligne Andrew Grant, de Carbon Tracker. Plusieurs compagnies se sont en effet engagées à réduire l'intensité de leurs émissions en matière de production, tout en laissant la porte ouverte aux hausses de production globale, la demande mondiale en énergie ne cessant de croître.

Selon l'étude, c'est ConocoPhillips qui doit faire le plus de coupes, avec une réduction de sa production et de ses émissions de 85%, contre 10% seulement de la production (et 15% des émissions) pour Shell. Total se situe dans la moyenne: l'entreprise française doit abaisser sa production de 35% et ses émissions de 40%.