Référendum sur le climat : l'Elysée nie l'enterrement, Macron critiqué

Par Anne RENAUT et Stéphane ORJOLLET, AFP  |   |  725  mots
(Crédits : Reuters)
A rebours des déclarations du député LREM Pieyre-Alexandre Anglade, provoquant la colère des écologistes, l'Elysée entend toujours inscrire la protection du climat dans la Constitution.

Article publié le 9 mai 2021 à 11h20, mis à jour le 9 mai 2021 à 17h23

Plusieurs milliers de Français sont de nouveau dans la rue dimanche pour réclamer une plus grande ambition écologique, au moment où la promesse présidentielle d'un référendum pour inscrire le climat dans la Constitution semble avoir pris du plomb dans l'aile.

Emmanuel Macron s'était engagé devant les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) à envoyer aux parlementaires leur proposition de modification de l'article 1 de la Constitution mais, face aux réticences du Sénat sur la formulation (le texte doit être voté dans les mêmes termes par les deux chambres pour pouvoir être soumis à référendum), le JDD affirme que le président a renoncé au scrutin.

Interrogé par l'AFP, l'Elysée a assuré que la modification de la Constitution pour y intégrer la protection du climat n'était "en rien enterrée", sans évoquer toutefois le référendum par lequel le président souhaite valider ce changement.

"La bataille n'est pas finie: comme elle l'est depuis le début du quinquennat, la cause écologique demeure l'une des priorités du président de la République", a ajouté la présidence.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a "souhaité" sur France 3 que le référendum ait lieu, accusant le Sénat à majorité de droite de faire obstruction au projet de loi.

"Si les choses restent en l'état, il ne pourra pas y avoir de référendum", a admis sur Radio J le président de l'Assemblée Richard Ferrand. "Au Sénat il y a une majorité plus conservatrice (...) sur les questions environnementales".

Le projet de loi grave, à l'article 1er de la Constitution, que la France "garantit la préservation de l'environnement et de la diversité biologique et la lutte contre le dérèglement climatique".

Or, la majorité du Sénat rejette le terme "garantit", qui donnerait selon elle à la préservation de l'environnement une forme de priorité sur les autres principes constitutionnels.

- La "faute" à Macron -

L'Elysée a eu beau assurer que la mesure n'était pas enterrée, écologistes, partis de gauche et syndicats, qui manifestent dimanche dans plusieurs villes de France pour dénoncer "un rendez-vous raté pour le climat", y ont vu une preuve de plus des reniements de l'exécutif.

"Il s'agit de continuer à dénoncer le manque d'ambition de la loi climat et, depuis ce matin, l'abandon quasi certain du référendum qui constitue une reculade de plus", a résumé Cyril Dion, garant de la CCC, présent dans le cortège parisien parti à 14H00 de de la place de la République, à Paris.

Dénonçant "un nouvel engagement sur l'écologie renié par Emmanuel Macron et LREM, et sans doute l'un des plus importants", le député écologiste Matthieu Orphelin a jugé que "le gouvernement manœuvrait pour que le processus n'aille pas au bout, refusant toutes concertations avec le Sénat".

L'annulation éventuelle du référendum "envoie un signal inquiétant sur la prise de conscience sur ces sujets chez les parlementaires", a noté Greenpeace.

La manifestation, qui doit rejoindre la place de la Bastille derrière une banderole "Loi climat = échec du quinquennat", était plus clairsemée que celle organisée le 28 mars dans la capitale. Au niveau national les organisateurs avaient ce jour-là revendiqué 110.000 manifestants partout en France (44.000 selon la police).

De premiers rassemblements de tailles diverses ont eu lieu à dimanche à Rennes, Besançon, Cherbourg, Laval ou Martigues, selon des images postées sur les réseaux sociaux.

La droite, engagée par ailleurs dans un bras de fer avec la majorité aux élections régionales, a pour sa part accusé le chef de l'Etat "d'hypocrisie". La tension, de ce côté, s'inscrit dans le contexte d'une OPA poursuivie par Emmanuel Macron sur l'électorat de la droite modérée en vue de 2022.

"Avant même que le Sénat n'ait voté quoi que ce soit et que la discussion avec l'Assemblée nationale ne s'engage, Emmanuel Macron nous accuse de blocage pour justifier l'annulation d'un référendum dont il ne voulait pas. La manœuvre et l'hypocrisie sera la marque de cette dernière année de mandat", a tweeté le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.