Après la convention citoyenne, des entreprises créent leur propre convention pour le climat

4 QUESTIONS.Un collectif d'entreprises entend donner de la voix dans le grand débat sur le Climat initié par la Convention Citoyenne pour le Climat en octobre 2019. Créée par plusieurs entrepreneurs, dont Yannick Servant, en novembre 2020, la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) veut rassembler 150 dirigeants entre juillet 2021 et mars 2022 pour étudier ces enjeux avec les outils de l'entreprise.
Yannick Servant a co-fondé la Convention des Entreprises pour le Climat en novembre 2020.
Yannick Servant a co-fondé la Convention des Entreprises pour le Climat en novembre 2020. (Crédits : Reuters)

LA TRIBUNE - Comment vous distinguez-vous de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) ?

YANNICK SERVANT - La CEC est clairement inspirée de la CCC. Dans l'association, nous avons tous vécu, à un moment de nos carrières professionnelles, un décalage entre les discours et les actions concrètes pour le climat. L'objectif était donc de créer une expérience analogue dans le monde de l'entreprise, sans adopter une démarche critique. En effet, il est difficile pour un dirigeant d'avancer tout seul : avec les responsabilités qu'il endosse, certaines décisions peuvent mettre en péril ses collaborateurs et son activité. Il fait face à un dilemme du prisonnier. A plusieurs par contre, c'est moins risqué.

Ainsi, la CEC veut regrouper 150 chefs d'entreprise pour les faire travailler ensemble, co-construire et changer de braquet. Nous avons l'espoir que ce travail créera une impulsion commune et qu'elle inspirera d'autres entreprises. Par ailleurs, à la différence de la CCC, les dirigeants qui participeront à la CEC ne sont pas tirés au sort mais ils sont sélectionnés à partir de leur candidature. Tous veulent embarquer leurs salariés dans cette transformation.

Lire aussi : La Convention citoyenne veut un référendum pour inscrire le climat dans la Constitution

Concrètement, comment fonctionne la Convention des Entreprises pour le Climat ?

La Convention durera douze jours répartis sur huit mois. Les participants traiteront les cinq thèmes de la CCC, à savoir consommer, se déplacer, se loger, produire/travailler et se nourrir, ainsi que six leviers systémiques propres au monde de l'entreprise : la comptabilité, la finance, les nouveaux indicateurs tels que la comptabilité carbone, la gouvernance, la formation et le marketing.

Ils travailleront de manière plénière ou en sous-groupes pendant six sessions qui iront du constat, basé sur des chiffres, à la mise en forme des propositions pour les présenter publiquement, juste avant les élections présidentielles de 2022, après le travail thématique. Surtout, la matière viendra directement des dirigeants qui ont déjà beaucoup de convictions et d'idées en tête. Ce sont eux qui facilitent l'émergence de messages forts : il y aura vraiment un avant et un après Convention.

La Convention s'élargit à de nouvelles entreprises, dont des grands groupes. Peut-on parler d'une prise de conscience générale ?

Assez naturellement, les candidatures que nous attirons viennent d'entreprises qui sont déjà en chemin. Ensuite, est-ce que je peux dire qu'on sent le pouls de l'engagement ? Ce qui est enthousiasmant, c'est d'observer une accélération des prises de conscience qui était difficile à imaginer il y a encore plusieurs années.

Il y a quelques jours, une centaine de startups ont signé le « Climate Act », des collectifs de salariés pour la transition écologique se sont aussi créés au sein de grands groupes comme le BCG ou Michelin. Dans l'ensemble de ces tribunes, le niveau d'ambition et le sentiment d'urgence sont largement supérieurs à ce qu'ils étaient il y a dix ans.

Le volet Croissance verte du plan de relance est-il suffisant ?

Atteindre les objectifs carbone et biodiversité implique de mesurer autre chose que des euros : il faut aussi se doter de nouveaux indicateurs. Les réponses sont toujours dans les chiffres. C'est ce prisme que nous adoptons en tant que membres et représentants du projet. Dans le plan de relance du gouvernement, ce travail de fond effectué par les analystes pourrait être davantage mis en lumière. En même temps, dans le domaine de l'écologie on parle souvent du cœur puisqu'il faut se projeter dans l'avenir.

En tout cas, le constat que nous partageons au sein de l'association est que nous ne savons pas produire plus sans émettre plus de gaz à effets de serre. Une transition à la hauteur des enjeux écologiques aura lieu, oui, mais si elle démarre dans un monde à +2 ou +3 degrés ce sera plus dommageable. Certaines propositions de la CCC étaient très radicales et difficiles à entendre : peut-être que la CEC permettra une mise en marche.

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Commentaires 2
à écrit le 05/05/2021 à 18:00
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Le climat se fout de toutes les conventions possibles et imaginables il n'y a que les neuneus pour perdre du temps avec çà. Tout ça n'est fait que pour taxer à tout va. À ce propos, où en est le trou de la couche d'ozone des années 80 paraît-il du au...

à écrit le 05/05/2021 à 16:35
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Bref! Créer sa propre interprétation pour perpétuer sa propre rente!

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