La Roumanie nourrit de grandes ambitions dans l'éolien

Par Aymeric Auberger  |   |  512  mots
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Les fabricants de turbines affluent vers le pays, qui attend jusqu'à 8,5 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2020.

Les éoliennes fleurissent en grand nombre sur les plaines roumaines. Le secteur de l'énergie éolienne pourrait attirer 8,5 milliards d'euros d'investissements sur la prochaine décennie, selon l'Association roumaine de l'énergie éolienne. L'espagnol Iberdrola, l'allemand E.ON, le tchèque CEZ, ou encore le danois Vestas accourent pour y construire des fermes d'éoliennes terrestres toujours plus grandes.

Si les fabricants de turbines sont attirés par les grandes plaines de Roumanie, où le vent souffle toute l'année, c'est aussi grâce aux efforts du gouvernement. Après l'entrée en vigueur le mois prochain d'une loi sur la promotion des énergies renouvelables, le pays offrira les conditions les plus favorables de toute l'Europe pour les investisseurs. La Commission européenne a approuvé le 13 juillet le régime des certificats verts mis en place par le gouvernement, mettant fin à deux ans d'incertitude législative. La Roumanie va subventionner l'énergie éolienne à hauteur de 160 euros par mégawatt-heure, soit le double de l'Allemagne ou l'Espagne.

Afin de profiter de cette manne, Iberdrola a commencé en mars la construction de la première d'une cinquantaine de fermes d'éoliennes en Roumanie. Une fois terminées, leur capacité totale atteindra 1.500 mégawatts (MW), et elles représenteront la plus grande installation éolienne terrestre dans le monde. Vestas Wind Systems, le leader mondial de la fabrication d'éoliennes, a ouvert un bureau dans la capitale Bucarest en janvier, et a déjà signé des contrats pour une capacité totale de 450 MW.

D'après l'European Wind Energy Association, qui regroupe la majorité des acteurs du secteur de l'éolien dans le monde, la capacité éolienne de la Roumanie devrait passer de 462 MW en 2010 à 3.000 ou 3.500 MW en 2020. L'autorité de régulation de l'énergie du pays prévoit même de passer à 5.000 MW d'ici à 2017. L'objectif est de produire 42% de sa consommation d'électricité à partir de sources renouvelables en 2020. Les trois-quarts des nouvelles installations de production d'énergies renouvelables d'ici à 2017 seront de l'éolien, qui est actuellement la technologie la moins chère.

Cependant tous les prétendants ne pourront pas participer à cette aventure. Un porte-parole de Vestas souligne en particulier la difficulté d'obtenir les permis de construire, avec "des procédures particulièrement longues et complexes". L'an dernier, la construction d'un champ d'éoliennes de CEZ a même été interrompue à deux reprises parce que les autorités locales mettaient en doute la validité des permis. L'opérateur historique de l'électricité en République Tchèque a même été confronté à l'opposition d'un maire local, soutenu par une foule de villageois, sur lesquels des agents de sécurité avaient dû tirer des balles en caoutchouc pour les disperser. La vétusté des réseaux électriques, qui datent souvent de l'ère soviétique, constitue un obstacle supplémentaire à surmonter pour les investisseurs.

Enfin, le ministre de l'Economie, Adrian Videanu, signalait l'année dernière que les sollicitations pour la mise en place d'éoliennes représentaient un total de 23.000 MW. Vu l'impossibilité de mettre en place une telle capacité, de nombreux dossiers seront refusés.