Le gros coup de mou des investissements "verts"

Par Dominique Pialot  |   |  527  mots
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Après une année record en 2011, les investissements dans les énergies vertes accusent une chute brutale de 28% au premier trimestre par rapport au dernier trimestre 2011. Il est vrai que l'an dernier 263 milliards de dollars avaient été investis dans les énergies renouvelables, notamment par les États-Unis... qui reprennent leur place de leader devant la Chine.

Vingt-sept milliards de dollars ont été investis dans les énergies propres depuis le début de l'année. Comme le souligne Bloomberg New Energy Finance (BENF), qui publie ces chiffres, c'est la plus mauvaise performance depuis le premier trimestre 2009. A l'époque, on comptabilisait 20 milliards cumulés en capital-risque, capital-investissement, Bourse et fonds d'investissements.

La baisse du premier trimestre 2012 (- 22 % par rapport au premier trimestre 2011 et - 28 % par rapport au dernier trimestre) s'explique essentiellement par la fin ou la diminution drastique des subventions aux énergies renouvelables dans la plupart des pays européens. Aux Etats-Unis, les aides au solaire ont déjà été revues à la baisse, et la pérennité de celles accordées à l'éolien est plus qu'incertaine. Dans le climat de morosité économique globale, ces mauvaises nouvelles risquent d'avoir des effets durables sur le secteur.

Le capital-risque résiste, les introductions en Bourse calent

Les introductions en Bourse ont connu un fort ralentissement, avec seulement 601 millions de dollars levés au cours de ce premier trimestre. L'exemple de Brightsource, qui a finalement renoncé à l'opération qu'il avait pourtant confirmée il y a peu pour le 12 avril, en est la dernière illustration. Mais ce n'est pas la seule. Sans aller jusqu'à renoncer complètement à s'introduire en Bourse, d'autres ont dû sérieusement réviser leurs prétentions à la baisse. Le capital-risque et le capital-investissement, qui représentent en cumul 1,9 milliard d'investissements dans les énergies propres, sont les secteurs qui résistent le mieux. Mais BNEF observe que cela pourrait être lié à un afflux d'entreprises ayant connu des déconfitures sur les marchés.

Un nouveau record enregistré en 2011

Ces piètres performances, dont BNEF avertit qu'elles pourraient perdurer tout au long de l'année 2012, tranchent avec celles enregistrées en 2011. Avec 263 milliards de dollars comptabilisés par Pew Charitable Trusts dans son étude annuelle contre 211 en 2010, la hausse des investissements dans les énergies propres avait atteint 6,5 %. Sur le plan financier, le solaire s'est taillé la part du lion, avec 128 milliards de dollars, soit une hausse de 44 % ! Mais en termes de capacités installées, les 83,5 gigawatts (GW) supplémentaires se répartissent entre 43 GW d'éolien et 30 GW de solaire.

En cumul, la puissance installée des énergies renouvelables représente 565 GW, soit 47 % de plus que le nucléaire. Une comparaison à nuancer néanmoins, la disponibilité des fermes solaires ou éoliennes (entre 20 et 30 %) étant très loin de celle des centrales nucléaires (de 80 à 85 % environ).

Les Etats-Unis repassent devant la Chine

Autre enseignement de l'étude, les Etats-Unis ont repris leur place de premier investisseur dans les énergies propres, que la Chine lui avait ravie en 2009. Poussés à agir avant la fin annoncée des aides, les Américains ont investi en cumul 48 milliards de dollars. Si les investissements chinois n'ont atteint dans le même temps que 45,5 milliars, Pew promet que le pays, qui a augmenté ses objectifs de 20 GW à 50 GW dans le solaire en 2020, sera sous les projecteurs ces prochains mois. Avec 30 milliards investis, l'Allemagne se situe à la troisième place, devant l'Italie avec 28 milliards. En France, les investissements ont augmenté de 36 %, mais plafonnent à 5 milliards de dollars, dont 80 % dans l'énergie solaire.