Allemagne : la facture de sortie du nucléaire s'annonce salée

Par Dominique Pialot  |   |  444  mots
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Les opérateurs de réseaux électriques allemands ont présenté mercredi un plan à 10 ans pour permettre la transition énergétique allemande, notamment l'arrêt de tous les réacteurs nucléaires d'ici à 2022 et un développement accéléré des énergies renouvelables. La facture est chiffrée à 32 milliards d'euros, et ce n'est qu'une petite partie du coût total de cette transition.

Les opérateurs de réseaux électriques allemands (Tennet, Amprion, 50Hertz et TransnetBW) sont sur la sellette. Alors que le pays bat record sur record en matière de production d'énergies renouvelables et a passé sans encombre son premier hiver avec 50 % de nucléaire en moins, ce sont en effet les réseaux qui pourraient entraver la fameuse "transition énergétique" ( Energie Wende dans le texte) décidée par Angela Merkel suite à l'accident de Fukushima. La nécessité de transporter l'énergie qui sera produite par les parcs éoliens offshore du Nord-ouest vers la région de plus forte consommation au sud, et la capacité à absorber les énergies renouvelables intermittentes justifient de lourds investissements. Ceux-ci font l'objet de vifs débats entre Verts, industriels et gouvernement.

Selon l'étude présentée mercredi,  3.800 kilomètres supplémentaire seraient à ajouter aux 35.000 existants, pour un coût de 32 milliards d'euros, notamment affectés à la construction de quatre nouvelles lignes nord-sud. Mais il faut également moderniser et allonger les lignes à plus basse tension et raccorder les futurs parcs éoliens en mer. Sans compter la construction de nouvelles installations éoliennes et solaires, mais aussi ce nouvelles centrales à gaz, voire - même si ce point est régulièrement démenti - de nouvelles centrales au charbon. 

Un développement au point mort

Dans tous les cas, il faudrait changer rapidement de braquet. En effet, seuls 214 kilomètres ont été construits sur les 1.800 programmés en 2009. Une loi a  été votée en 2011 pour accélérer ce développement grâce à un système de planification et d'autorisation plus centralisé, mais sans résultats suffisants à ce jour. C'est en tout cas ce qu'a regretté publiquement le président de l'autorité de régulation des réseaux dans une interview à la presse mardi.

C'est en réaction à cette situation d'enlisement que a chancelière allemande Angela Merkel, mise en cause au sein même de son parti sur la faisabilité et le coût de cette transition énergétique, a décidé de se rendre mardi 29 mai à l'autorité de régulation, accompagnée de deux ministres. Elle en a profité pour réaffirmer "la transition est faisable telle que nous l'avons décidée il y a un an."

Le consommateur allemand paie déjà l'un des prix les plus élevés d'Europe : 25,3 cents le kilowattheure quand la moyenne est à 18,4 cents et la France à 14,2 cents, selon les dernières statistiques d'Eurostat. Et la fourchette de 200 à 400  milliards d'ueros évoquée par les opérateurs pour sortie définitivement du nucléaire risque d'être une pilule difficile à leur faire avaler. Surtout en période pré-électorale.