Changer de pneus pour consommer moins

Par Dominique Pialot  |   |  516  mots
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Une réglementation européenne instaure à compter de novembre un étiquetage des pneus affichant notamment leur performance en matière de consommation. Cela devrait faire évoluer la perception des particuliers, encore peu au fait du rôle que jouent les pneus dans la consommation d'un véhicule. Contrairement aux constructeurs, qui constituent un marché de plus court terme pour ces pneus hautes performances.

Comme pour les réfrigérateurs, les voitures et même les logements, les pneumatiques pour automobiles devront bientôt afficher leurs diverses propriétés. A compter de novembre 2012, conformément à une directive européenne, ils annonceront leur impact sur la consommation des véhicules (efficacité en carburant), mais aussi leurs performances au freinage (adhésion sur sol mouillé) ou encore leur performance sonore (telle qu'on la perçoit depuis l'extérieur du véhicule).

Il faut dire que le rôle des pneus dans la consommation d'un véhicule est loin d'être insignifiant. « De 20 à 35 % de la consommation sont liés au frottement du pneu », explique Christoph Kalla, responsable du marketing de la division caoutchouc chez Lanxcess, producteur de chimie de spécialité issu de la scission de Bayer en 2004. La différence de consommation entre deux pneus plus ou moins « efficaces en carburant » peut atteindre 5 à 7 %.

Les automobilistes mal informés

Certes, les automobilistes sont aujourd'hui peu conscients de ces chiffres. Seuls 20 % des hommes et 8 % des femmes connaissent l'existence de ces pneus haute performance. Mais lorsqu'on les interroge, comme l'a fait Lanxcess qui compte bien sur cette nouvelle réglementation pour booster ses ventes de caoutchoucs « haute performance », ils sont néanmoins 81 % à se dire intéressés. Mais 84 % d'entre eux ne sont pas au courant de cette nouvelle législation qui entrera en vigueur en novembre. Pourtant, celle-ci sera suivie deux ans plus tard par une interdiction des pneus les moins performants.

Dès lors, pas sûr qu'ils soient prêts à payer un surcoût de 30 euros (sur un prix total de 70 à 100 euros par pneu). Pourtant, comme l'explique Christoph Kalla, c'est le « dispositif » le plus rentable en termes de réduction des émissions de CO2. 4,7 kilogrammes de CO2 économisés par euro investi, contre 3,1 kg pour un système de « stop and go », qui stoppe automatiquement le moteur aux feux rouges, par exemple.

Les constructeurs intéressés

D'ailleurs, pour les rendre plus sensibles à cette question, Lanxcess a mis au point une application smart phone permettant de calculer son potentiel d'économie en carburant en fonction de sa conduite, la pression des pneus et, bien sûr, le type de pneus choisi. D'autant plus que ces pneus haute performance s'accompagnent d'une meilleure efficacité au freinage (jusqu'à 21 mètres de moins pour passer de 80 km/h à l'arrêt complet) et d'un bruit plus atténué.

Mais à court terme, le marché des constructeurs représente un potentiel nettement plus intéressant. Car les véhicules, qui affichent leurs émissions et leur consommation depuis mai 2006 déjà, doivent améliorer leurs perfomances de façon continue. Ils disposent pour ce faire de multiples leviers allant du poids du véhicule à son aérodynamisme en passant par une chaîne de traction, voire un moteur, plus efficaces. Mais rien n'est aussi simple ni aussi peu coûteux que de choisir les meilleurs pneus... Lanxcess, qui compte parmi ses clients tous les grands fabricants, s'est fixé pour objectif d'augmenter ses ventes de produits pour la mobilité verte d'environ 80 % d'ici 2015, à 2,7 milliards d'euros, contre 1,5 milliards en 2011, soit 17 % de ses ventes.