Eoliennes flottantes : une nouvelle solution pour le littoral ?

Par latribune.fr (Avec Reuters)  |   |  580  mots
Des essais en bassins d'éoliennes flottantes ont eu lieu à Nantes. Une première expérimentation réelle devrait intervenir en 2013. Reste à savoir si les opposants aux éoliennes off-shore classique estimeront cette technique flottante moins menaçante pour la pêche côtière.

Affranchies des contraintes d'ancrage en profondeur des éoliennes en mer classiques, les premières éoliennes flottantes répondent à la saturation de la bande littorale européenne, en étant installées loin des rivages et des zones de pêche.

Des essais en bassins "parmi les premiers au monde" ont ainsi été effectués au début du mois à l'Ecole centrale de Nantes, où des chercheurs ont soumis une éolienne miniature à la houle et au vent. Des vagues de 20 cm y ont simulé des vagues en réalité cinquante fois plus hautes, telles qu'on peut en rencontrer une à deux fois par an sur le site où la première éolienne flottante française pourrait être expérimentée en 2013.

"Au-delà de 30 à 40 mètres de profondeur, le coût de l'installation d'une éolienne en mer classique n'est plus viable économiquement", a expliqué à Reuters Pierre Ferrant, directeur du Laboratoire d'hydrodynamique énergétique et environnement atmosphérique (LHEAA) de l'Ecole centrale de Nantes.

Le bassin méditerranéen et les côtes atlantiques, dont les fonds marins sont plus profonds que ceux de la Manche et de la mer du Nord, pourraient ainsi se prêter tout particulièrement à l'accueil de ce nouveau type d'éoliennes en mer.

"Les éoliennes flottantes, qui peuvent être installées au large, répondent aussi aux conflits d'usage de la zone côtière avec les riverains et les pêcheurs", considère Pierre Ferrant, qui dirige ce laboratoire spécialisé dans la modélisation de structures marines (navires, plateformes off-shore).

Des prototypes déjà en service

Un prototype plus avancé -mesurant 54 mètres de haut et pesant 1.200 tonnes- a déjà été mis en service l'hiver dernier au large d'Aguçadoura, au nord du Portugal, et raccordé au réseau électrique local.  D'une capacité de 2 mégawatts, il a alimenté en six mois l'équivalent de 1.300 foyers, selon un bilan dressé en juin par le consortium américain qui l'a installé.    Une autre éolienne flottante, présentée alors par ses promoteurs comme "la première au monde", avait déjà été installée en 2009 au large des côtes norvégiennes.

Ces recherches autour des éoliennes flottantes ont lieu au moment où la France ambitionne de rattraper son retard en matière d'énergies renouvelables par rapport à d'autres pays européens. L'UE s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% à l'horizon 2020, mais la France est loin du compte par rapport, par exemple, à l'Allemagne.

En avril, un premier appel d'offres avait ainsi octroyé trois des cinq premiers champs d'éoliennes off-shore classiques françaises à un consortium formé par EDF et Alstom, soit un volume d'environ 240 éoliennes. Un quatrième champ au large de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor), qui devrait rassembler une centaine d'éoliennes, a lui été attribué à l'espagnol Iberdrola et au groupe français Areva.

Les éoliennes en mer classiques sont critiquées

Parfaite illustration de l'opposition suscitée par les éoliennes en mer, un cinquième champ d'éoliennes au large du Tréport (Seine-Maritime) n'avait lui pas été attribué, faute d'une concurrence suffisante. "Situé dans la zone où l'on trouve la sole et le turbot, ce parc éolien mettrait en péril la pêche côtière", estime la mairie de ce petit port de 5.000 habitants, dans un communiqué.

"Privés de l'attrait que constitue le ballet des bateaux de pêche au coeur de la cité, les touristes se détourneraient de la ville du Tréport."