Eolien. Un avenir radieux après un cap difficile

Par Dominique Pialot  |   |  499  mots
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Un rapport publié par l'association mondiale de l'éolien et Greenpeace laisse entrevoir un développement qui permettrait à l'énergie éolienne de fournir 12% de l'électricité mondiale. Mais pour l'heure, les principaux acteurs du secteur connaissent d'importantes difficultés, aussi bien en Europe, aux Etats-Unis et en Chine...

L'énergie éolienne, qui représente aujourd'hui 240 gigawatts (GW) de capacité installée dans le monde (dont 40 GW installés en 2011), pourrait bondir à 1100 GW d'ici à 2020, selon le scénario le plus optimiste étudié par l'association mondiale de l'éolien (Global Wind Energy Council) et Greenpeace. Cela représenterait 12% de la production mondiale d'électricité, et près de deux fois ce que prévoit pour sa part l'Agence internationale de l'énergie, qui table sur 587 GW à cet horizon, ce qui représente déjà une croissance annuelle moyenne approchant les 10%.

1,4 milliard d'emplois supplémentaires créés d'ici à 2020

Et ce n'est pas tout, une telle capacité installée s'accompagnerait de la création de quelque 1,4 millions d'emplois supplémentaires et de l'évitement de 1,5 milliard de tonnes de CO2 chaque année. Mais si le secteur a connu une forte croissance depuis une dizaine d'années, celle-ci souffre aujourd'hui sous l'effet conjugué de la crise économique en Europe, des retards de raccordement des fermes éoliennes au réseau électrique en Chine et, plus généralement, du durcissement des politiques de soutien à cette forme d'énergie.

Ralentissement en Europe

En Europe, le total des installations annuelles s'est stabilisé à 9,6 GW en 2010 et 2011 après avoir atteint un record de 10,5 GW en 2009. En Espagne, le gouvernement pourrait instaurer une taxe de 11% sur l'énergie éolienne, contre laquelle la fédération espagnole a porté plainte; la France est quasiment à l'arrêt en raison de la complexité administrative et de la menace qui plane sur le tarif de rachat; les politiques britanniques tiennent des propos contradictoires sur la nécessité ou non de poursuivre le développement du secteur.

Le marché américain a l'arrêt

Quant aux Etats-Unis (20% du marché mondial!), les acteurs sont soulagés après la ré-élection de Barack Obama mais ont néanmoins fait une croix sur l'exercice 2013. En effet, les projets sont longs à développer, et l'incertitude sur le renouvellement du crédit d'impôt (PTC, pour production tax credit), que le Sénat avait refusé en septembre dernier, a créé un climat peu propice aux investisseurs. Certes, à l'inverse de son concurrent malheureux Mitt Romney, Obama s'est toujours prononcé en faveur d'un renouvellement, mais les professionnels s'attendent à une modification de certaines modalités.

Les leaders mondiaux en difficulté

Quoi qu'il en soit, le mal est fait. L'allemand Siemens a d'ailleurs récemment licencié plus de 600 de ses employés américains en faisant un lien direct avec cette situation incertaine. Pour le leader mondial Vestas, qui ne cesse d'annoncer de nouvelles vagues de licenciements, le marché américain pèse lourd dans ces décisions. L'espagnol Gamesa a également annoncé il y a quelques jours une réduction de ses effectifs de 20%, et même les leaders chinois Sinovel et Goldwind rencontrent des difficultés.

Comme dans le photovoltaïque, les perspectives à moyen et long terme paraissent extrêmement prometteuses, mais seuls ceux qui parviendront à passer le cap difficile des prochaines années en profiteront.