Les entreprises chinoises sommées de moins polluer

Par Hélène Haus  |   |  525  mots
La Chine, premier pollueur du monde, a lancé, mardi, son premier marché carbone. Pour l'instant, seules 635 entreprises sont concernées / Reuters
La Chine a lancé, mardi, son premier marché carbone pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Le projet ne concernera dans un premier temps que la métropole de Shenzen où vivent 10 millions d'habitants. Un marché à l'échelle nationale devrait voir le jour à l'horizon 2020.

Première nation du monde, premier exportateur, mais aussi premier pollueur.... La Chine, qui a émis 300 millions de tonnes de CO2 supplémentaires en 2012, a décidé de s'attaquer à ses émissions de gaz à effet de serre en créant, mardi, son premier marché carbone. Le projet va permettre aux entreprises d'acheter et de vendre des quotas de CO2. L'initiative ne concernera pour l'instant que la ville de Shenzhen, une métropole de 10 millions d'habitants. D'ici la fin de l'année, quatre autres mégapoles (Pékin, Shanghai, Tianjin, Chongqing) et deux provinces (Guangdong et Hubei) lanceront par la suite leur propre marché. Le projet devrait être étendu à l'échelle nationale à l'horizon 2020.

PetroChina et Hanergy premiers acheteurs

Mardi, le groupe pétrolier chinois PetroChina et le fournisseur d'électricité Hanergy ont été les premiers à acheter l'équivalent d'une tonne de CO2 pour 28 et 30 yuans chacun (environs 3,50?). "Ces nouveaux marchés ne suffiront pas à faire baisser les émissions de CO2 de la Chine. Par contre, ils lui permettront de baisser la croissance de ses émissions", note Simon Quemin, chercheur à la Chaire Economie du Climat, en charge de l'étude des marchés du carbone en dehors de l'Europe.

L'Empire du milieu n'est pas le premier pays d'Asie à ouvrir un marché local d'émissions de carbone. "Il y en a déjà un au Japon. La Chine n'est pas précurseur. Par contre, elle a le mérite d'avoir rapidement mis en place le projet, lancé il y a deux ans. C'est assez court comme délai", juge Simon Quemin. Des interrogations persistent encore sur l'ouverture des prochains marchés. "Pour l'instant, on ne connaît pas la date exacte de création des six autres projets pilotes", ajoute le spécialiste.

Polluer moins pour produire pareil

Les objectifs de réductions d'émissions de CO2 seront différents en fonction des marchés et des secteurs qu'ils recouvriront. Seul celui de Shanghai, par exemple, légifera sur l'émission de CO2 dans l'aviation. Le modèle de fonctionnement choisi par les Chinois sera différent de celui utilisé par les Européens. L'Union européenne a fixé des limites d'émissions de gaz à effet de serre à ne pas dépasser à ses pays. En Chine, les contraintes dépendront de chaque secteur. "Il s'agira plutôt de baisser le ratio des émissions de CO2 sur le PIB. Il n'y aura pas de limites à proprement parler. Les entreprises devront émettre moins tout en produisant la même chose", explique Simon Quemin.

A Shenzen, 635 entreprises de différents secteurs (industrie, bâtiment...) ont été placées sur le marché carbone. Elles émettent à elles seules plus de 30 millions de tonnes de CO2 par an, soit plus d'un quart des émissions de la ville.

En septembre dernier, l'Union européenne avait annoncé une aide financière à la Chine de 25 millions d'euros sur quatre ans pour l'encourager à baisser ses émissions. "Nous soutiendrons leurs efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre", avait alors déclaré Andris Piebalgs, le commissaire européen chargé du développement. En 2010 en Chine, 1,2 million de personnes sont mortes prématurément à cause de la pollution.