La Grèce sauvée, mais pour combien de temps ?

Par François Roche  |   |  536  mots
Seuls un retour de la croissance dans la zone, un redémarrage des activités touristiques et portuaires, un afflux d'investissements étrangers (ou un rapatriement d'une partie des fonds que les grandes fortunes grecques ont stocké à l'étranger) peuvent relancer la machine dans la durée. Photo : Reuters

Si aucun accord n'avait été trouvé sur le plan de sauvetage de la Grèce, c'est toute l'Union européenne qui aurait basculé dans la crise, avec la probable remise à plat du fonctionnement de la zone euro, voire de sa justification. Dans le climat de crise économique, financière et sociale qui règne dans une partie de l'Europe, c'était un risque à ne surtout pas prendre. Cette épreuve nous sera donc épargnée, et il y a tout lieu de s'en féliciter. La Grèce est provisoirement tirée d'affaire. Il n'échappera pas à l'observateur averti que ce répit est assorti de conditions sévères, et notamment de nouvelles mesures d'austérité auxquelles les Grecs répondront à leur façon, en manifestant massivement dans les jours qui viennent.

Tenir face à l'exaspération de l'opinion publique

Il reste néanmoins deux points qui posent question. Le premier est celui des abandons de souveraineté qui sont réels. Au cours des prochaines années, la Grèce sera surveillée par un nombre impressionnant d'observateurs de l'Union Européenne et du FMI. Elle doit s'engager, dans la Constitution, à rembourser en priorité ses créanciers étrangers. Cela peut-il tenir face à l'exaspération de l'opinion et d'une partie de la classe politique ? Pour la première fois dans l'histoire de la construction européenne, un pays membre est privé d'une partie de ses prégogatives en matière de politique budgétaire. La Grèce va donc fournir un champ d'observation privilégié sur la façon dont cette mise sous tutelle peut s'organiser et surtout, avec quels effets réels sur le redressement de la situation économique du pays. 

Créer une vitalité économique nouvelle

Cela nous conduit au deuxième point: comment redresser ce pays exsangue et proche du désespoir ? On peut arguer du fait que ce n'est pas la responsabilité de la Troïka ou de la BCE. Néanmoins, si l'on veut stabiliser la situation et donner aux Grecs une perspective un peu plus réjouissante, il est nécessaire de créer en Grèce une vitalité économique nouvelle, tout en limitant le recours aux dépenses publiques, puisque après ce plan de redressement, la dette grecque est encore à 120% du PIB. L'amélioration des comptes courants et des facteurs de production sont des  éléments positifs, mais pas encore suffisants pour impulser une reprise significative. 

Rapatrier les grandes fortunes grecques

Seuls un retour de la croissance dans la zone, un redémarrage des activités touristiques et portuaires, un afflux d'investissements étrangers (ou un rapatriement d'une partie des fonds que les grandes fortunes grecques ont stocké à l'étranger) peuvent relancer la machine dans la durée. Pour l'heure, les gouvernements de la zone euro, la BCE, le FMI ont "acheté" du temps et placé la Grèce sous la contrainte. Reste à accomplir l'essentiel: insufler un esprit nouveau en Grèce, proposer de nouvelles règles du jeu aux partis politiques, créer une nouvelle dynamique dans le secteur privé, instiller la confiance dans l'avenir. Une mission bien au delà des compétences et des capacités de la Troïka et qu'il apprtient essentiellement au Grecs de mener à bien.