UMP, Florange : on achève bien la politique

Par Eric Walther, directeur de la rédaction  |   |  468  mots
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Un véritable désastre. En moins de trois semaines, la parole politique, qui n'en avait pourtant pas besoin, a été gravement abîmée.

Bienvenue à Florange et merci Mittal ! Voilà ce que devraient clamer les multiples chefs de l'UMP depuis que le guêpier lorrain s'est installé dans l'actualité. La chaleur des hauts fourneaux a opportunément éteint - enfin presque - les projecteurs sur le feuilleton-catastrophe qu'ils nous projetaient depuis ce funeste dimanche 18 novembre qui avait coupé en deux et à vif leur parti. Ils auraient pourtant tort de se réjouir. Car en passant le ballon bien involontairement au gouvernement dans ce concours de palinodies, l'opposition n'a fait qu'entretenir une séquence en tout point calamiteuse que l'on pourrait titrer façon universitaire : de l'accélération de la baisse tendancielle de la valeur de la parole politique. Ou beaucoup plus "twitteriquement" : #leFNvousremercie.
Difficile en effet de remplir autant la musette des populistes et de leurs affidés en aussi peu de temps. Un festival de mensonges, de revirements, de trahisons, de vains moulinets, d'hypocrisies en tout genre. Avec au casting, la quasi-totalité de ce que compte de plus galonnés la classe politique française. Le tout en direct pour l'UMP qui, n'étant pas aux affaires, si l'on ose dire, a jugé pouvoir se permettre n'importe quoi, et en léger différé pour le pouvoir en place, contraint tout de même à un devoir de réserve de quelques heures.

Faire prendre tant de risques à cette parole présidentielle

Les deux parties de ce piteux spectacle ont un argument commun : comment pourrir un dossier déjà généreusement faisandé? Pour la première, un scrutin bancal et plus disputé que prévu, dont on sait pertinemment que l'on n'en connaitra jamais les véritables résultats; pour la seconde, une affaire socio-industrielle beaucoup plus complexe que ce que les uns et les autres veulent nous faire croire, pour lequel toute tentative de pédagogie est vouée à l'approximation donc à l'échec.
On aurait pu espérer que face à des dossiers potentiellement aussi explosifs, ces gens responsables agissent avec un rien de ...responsabilité. Il n'en fut rien. On nous a donc raconté tout et n'importe quoi, dans une urgence incontrôlée, où seule semblait compter la capacité des uns et des autres à se sortir le moins abimé possible du bourbier, quitte à tirer ouvertement sur ses petits camarades, en sachant bien que le temps cicatrisera les blessures. C'est le jeu de la politique et vraiment pas son meilleur visage. Même les mots perdaient leur sens lorsqu'on a entendu un François Hollande se porter personnellement garant de l' « accord » conclu avec Mittal. Comment peut-on commettre une telle erreur, faire prendre tant de risques à cette parole présidentielle, qui a déjà suffisamment souffert pendant le dernier quinquennat?

L'envie de silence, d'une pause. En espérant que Jérôme Cahuzac n'a jamais eu de compte en Suisse.