Pas de révolution agricole sans révolution alimentaire et vice versa

Par Valérie Abrial  |   |  530  mots
Si les deux premières révolutions agricoles ont été caractérisées par les transformations technologiques du secteur, la troisième, en cours, serait quant à elle une révolution sociologique. (Crédits : Istock)
Le nouveau numéro de T La Revue de La Tribune vient de paraître. Une édition consacrée à l'agriculture et l'alimentation, deux secteurs interdépendants dont la transition vit une grande accélération. 148 pages pour prendre le temps de décrypter un monde en transformations. Edito.

C'est une longue histoire. Celle des oubliés de la terre. D'une paysannerie invisible et pourtant ancestrale, indispensable. Mésestimée à travers les siècles, vivant très souvent dans la précarité, accusée aujourd'hui des pires maux dont celui d'avoir abîmé nos sols. Comme si les agriculteurs étaient les seuls et uniques responsables de l'industrialisation d'un secteur qui n'a cessé de croître depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le raccourci est rapide et amer pour ceux qui ont cru en la politique agricole commune et qui ont tout fait pour s'adapter au remembrement des parcelles. Et nous voilà dans ce début de XXIe siècle avec une terre en souffrance et un nombre d'exploitations agricoles 4 fois moins élevé qu'en 1970. Forcément, on imagine mal les agriculteurs encourager leurs enfants à reprendre la ferme quand eux-mêmes survivaient grâce au renfort de subventions.

Mais les temps changent ! Le sursaut écologique a modifié la donne et l'envie de renouer avec la ruralité s'est intensifiée. Devant l'urgence de préserver la planète, nous nous sommes soudain rappelé que c'était bel et bien les agriculteurs qui nous nourrissaient.

Il faut dire que la grande distribution, à coups de super et hyper marchés, était passée par là ; ajouté à cela l'abandon progressif des potagers familiaux, et le mal s'était incrusté. Difficile, dans ces conditions, de transmettre dans une évidence toute naturelle que les produits que nous mangions trois fois par jour étaient issus de la terre. Cela peut paraître consternant aujourd'hui, d'autant plus que certains esprits éclairés avaient tiré la sonnette d'alarme depuis longtemps et que l'on voit apparaître depuis quelques années déjà de nouvelles vocations vers les métiers de la terre : cultivateurs, éleveurs, maraîchers qui osent diversifier leurs activités dans le but clairement assumé d'exercer leur profession comme le ferait n'importe quel chef d'entreprise. Les agriculteurs d'aujourd'hui viennent parfois de la ville, investissent dans la terre ; ils savent allier technologie et business dans le respect de nos sols.

Une agriculture nouvelle génération est en train de naître : parfois appelée « naturelle », « vivante », « biodynamique » ou encore « régénérative », elle est tout simplement autre. L'alimentation également. Au point que de transition agricole et alimentaire, certains vont jusqu'à évoquer une révolution. Conséquence : l'industrie agroalimentaire est en pleine mutation, mais pas seulement. Les grands groupes redéfinissent leur impact sociétal, de nouveaux modes de production agricole voient le jour, une nouvelle population de néo-ruraux se développe à grande vitesse et l'engagement des citoyens est de plus en plus visible quant à leur façon de consommer.

Le message à l'échelle planétaire est clair : produisons mieux, dans le respect de nos terres si nous voulons vivre mieux et en bonne santé. Tel est le cercle vertueux qui se dessine.

Lire aussi 5 mnT La Revue « spécial agriculture et alimentation » vient de paraître

..........................................................................................................

Edito de T La Revue n°8 - "Du champ à l'assiette - Mieux produire pour bien manger ?" Actuellement en kiosque

Un numéro consacré à l'agriculture et l'alimentation, disponible chez les marchands de presse et sur kiosque.latribune.fr/t-la-revue