L'impressionnisme, 150 ans plus tard

C'est l'un des grands rendez-vous artistiques de l'année 2024 : l'anniversaire de la naissance de l'impressionnisme, qui sera fêté dans toute la France grâce à des prêts prestigieux du musée d'Orsay. Une célébration aux allures d'hommage national, forcément, ça ne passe pas inaperçu. On peut s'en réjouir et remercier Christophe Leribault, le président des musées d'Orsay et de l'Orangerie, à l'initiative d'un tel déploiement de prêt d'œuvres. Sur les 400 chefs-d'œuvre de la collection, pas moins de 178, souvent exceptionnels, vont être déposés auprès de 34 institutions partenaires réparties dans 13 Régions. Le célèbre Bassin aux nymphéas, harmonie rose de Claude Monet voyagera jusqu'au musée des Beaux-Arts d'Ajaccio, tandis que sa Rue Montorgueil, à Paris. Fête du 30 juin 1878 sera sur les cimaises du musée de la Chartreuse à Douai ; Sur la plage d'Édouard Manet sera accueilli par le musée de Picardie d'Amiens ; Partie de bateau de Gustave Caillebotte sera exposé au musée d'Arts de Nantes... Un vrai itinéraire artistique avec parfois des événements spéciaux, comme le festival Normandie impressionniste qui, pour sa 5e édition, sème 150 événements culturels dans toute la Région, de Caen à Rouen en passant par Giverny, Le Havre, Cherbourg, Trouville, Yvetot... Quant à l'ancienne gare d'Orsay, elle ne manque pas à l'appel, bien sûr, avec « Paris 1874 - Inventer l'impressionnisme », une exposition qui revient là où tout a commencé. Le 15 avril 1874, une trentaine d'artistes dont Monet, Renoir, Degas, Morisot, Pissarro, Cézanne organisent une exposition indépendante boulevard des Capucines. Cette date est considérée aujourd'hui comme le coup d'envoi du mouvement impressionniste. Orsay nous fera revivre ce moment tout en explorant le contexte de l'époque et en apportant un regard neuf sur une exposition devenue légendaire.

« Paris 1874 - Inventer l'impressionnisme », du 26 mars au 14 juillet au musée d'Orsay (Paris 7e). Festival Normandie impressionniste, du 22 mars au 22 septembre dans toute la Région. normandie-impressionniste.fr

(Re)voir le monde à la Bourse de commerce

En voilà un titre bien choisi... « Le monde comme il va ». Bien ou pas d'ailleurs, ce n'est pas le propos. Ici, à la Bourse de commerce - Pinault Collection, la vie est vue sous le prisme de l'art contemporain, l'actualité sous l'œil conscientisé de la création. Raison pour laquelle le titre est emprunté à un conte de Voltaire mettant en scène un envoyé céleste parti observer le comportement des hommes, dont les puissances divines ne savent plus s'ils méritent d'exister ou s'il faut les anéantir pour rebâtir une meilleure civilisation. Hésitant, il décide finalement de laisser aller « le monde comme il va », confiant à l'humanité la suite de sa destinée. Une belle métaphore de l'exposition qui débutera au printemps avec les œuvres iconiques que François Pinault collectionne depuis cinquante ans; parmi elles, celles de Maurizio Cattelan, Damien Hirst, Je Koons, Peter Doig, Cindy Sherman... chacun ayant une expression singulière face aux paradoxes de la société. Parfois ironique voire cynique, leur regard peut se vouloir réenchanteur, philosophique et même poétique. Une autre façon de voir le monde.

« Le monde comme il va », du 20 mars au 2 septembre à la Bourse de commerce - Pinault Collection (Paris 1er).

André Masson le rebelle

Quarante ans après l'hommage qui fut consacré à André Masson à Beaubourg, c'est au tour du Centre Pompidou-Metz de présenter une grande rétrospective de celui qui se nommait lui-même le « rebelle » du surréalisme. Artiste engagé et prolifique, inventeur du dessin automatique et des tableaux de sable, André Masson (1896-1987) fut non seulement l'un des plus grands peintres du XXe siècle mais il fut également sculpteur, décorateur de théâtre et d'opéra, critique d'art. Toute l'œuvre de cet esprit libre et révolté s'est aranchie des courants de l'époque, même s'il est très proche de Breton et des surréalistes, auxquels il s'apparenta parfois. Car c'est avant tout l'inconscient qui guide sa création. En retraçant son parcours, l'exposition dévoilera l'œuvre d'un artiste épris d'anticonformisme qui aura un rôle fondateur pour les expressionnistes américains des années 1950. Une redécouverte essentielle.

« André Masson - Il n'y a pas de monde achevé », du 29 mars au 2 septembre au Centre Pompidou-Metz.

Retrouvailles avec la Fondation Bemberg

Elle fait partie des collections les plus réjouissantes de France, et pour cause ! Composée d'un ensemble exceptionnel de peintures, sculptures, mobilier, objets d'art allant de la Renaissance à la Seconde Guerre mondiale, la collection de Georges Bemberg (1915-2011) compte de nombreux chefs-d'œuvre. Avec une mention spéciale - il faut bien l'avouer - pour la peinture. Lucas Cranach, Canaletto, Véronèse, François Clouet, le Tintoret, Élisabeth Vigée-Lebrun, Antoon Van Dyck, François Boucher pour les anciens. Suivent les peintres d'avant-garde des XIXe et XXe siècles dont Gauguin, Matisse, Monet, Signac, Vuillard, Braque, Picasso, Bonnard, soit une trentaine d'œuvres rassemblées, qui constituent l'un des ensembles privés les plus importants au monde. Abritée dans l'hôtel d'Assézat, joyau de la Renaissance à Toulouse, la Fondation Bemberg était fermée pour travaux depuis trois ans. Il faut dire que, depuis son ouverture en 1995, les lieux avaient sérieusement besoin d'être revisités en matière tant de muséographie que d'accueil des publics. Voilà qui est chose faite! On a hâte de voir les nouvelles présentations. Et si vous ne connaissez pas encore ce lieu fabuleux, foncez !

À Toulouse. Réouverture le 2 février. fondation-bemberg.fr

Valérie Abrial

31 Déc 2023, 5:19

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