Chômage : de la cohérence Monsieur le Président !

Par Jean-René Boidron  |   |  698  mots
Jean-René Boidron (DR)
Les chiffres du chômage en France sont alarmants: 39.800 demandeurs d'emplois supplémentaires ont pointé à Pôle Emploi au mois d'avril. Pour l'entrepreneur Jean-René Boidron, ce chiffre ne fera qu'augmenter si le gouvernement ne prend pas les mesures attendues en faveur des entrepreneurs: assouplissement des contrats de travail, du temps de travail, des charges... Car soutenir la compétitivité des entreprises, c'est aussi favoriser les investissements, et en définitive, l'embauche.

Le record du nombre de chômeurs en France vient encore d'être battu : c'est une symbolique forte mais le plus grave est ailleurs : dans les conditions actuelles, ce chiffre ne peut que monter et personne ne peut raisonnablement espérer une inversion sans une réelle prise de conscience de la gravité de la situation.

Quand le Président Hollande déclare lors de sa dernière intervention télévisée qu'il ne pensait pas que la crise allait durer si longtemps, il prouve que la bonne analyse n'a toujours pas été faite. Comme l'a fort justement diagnostiqué le candidat à la Présidence du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, nous ne sommes pas dans un énième creux conjoncturel, comme nous les avons connus depuis 40 ans,  mais dans une mutation très profonde. Nos responsables politiques n'ont toujours pas pris la mesure de la globalisation des marchés avec une Amérique qui innove, une Asie qui fabrique et des BRICs qui tirent leur richesse de la manne des matières premières ; la France doit se réinventer et redonner à tous ceux qui peuvent créer de la richesse et de l'emploi l'oxygène nécessaire pour innover, investir et prendre des risques.

Encourager les entreprises à investir avec des mesures cohérentes
Notre salut ne viendra pas d'un « choc de compétitivité » pour les besoins de la communication mais d'une série de mesures cohérentes et homogènes dans le temps. L'accord du 11 janvier sur la sécurisation de l'emploi est une avancée majeure pour notre pays mais qui doit être suivi d'autres négociations sur des sujets précis qui depuis trop longtemps brident notre potentiel d'emploi : rigidités du contrat de travail, du temps de travail, poids des charges, fléchage de la formation professionnelle vers les plus vulnérables, renforcement de l'accompagnement individualisé des demandeurs d'emploi, insuffisantes incitations au retour à l'emploi, mise en place de contrats aidés dans la sphère privée et pas seulement publique.

Dans le même temps, le Gouvernement n'a d'autre choix que de soutenir massivement la compétitivité de nos entreprises pour rattraper le terrain perdu depuis des années par rapport à nos voisins anglo-saxons. Le CICE est une mesure qui va dans la bonne direction mais qui ne suffit pas. La maison France souffre d'une maladie économique très sévère qui justifie une stimulation fiscale forte : les entreprises doivent retrouver un niveau de profitabilité compatible avec le nécessaire investissement et la prise de risque qui sont les seuls moteurs de la création d'emplois de demain. Espérons que le tout récent profond remaniement de la taxation du capital soit annonciateur d'une nouvelle dynamique qui fasse oublier des mesures qui ont été nocives pour les créateurs d'emploi.


L'Etat doit se moderniser
Enfin, la mutation actuelle n'est pas catégorielle, elle concerne aussi la sphère publique : les entrepreneurs ont besoin d'engagements clairs sur la modernisation de l'Etat et la baisse de la dépense publique. Sur ce sujet, le décalage entre le discours et les actes sape la confiance des chefs d'entreprise qui doivent obtenir des gages que la sphère privée va arrêter de financer des dépenses à un niveau bien supérieur à celui de ses voisins européens.

Nul doute que si toutes ces mesures étaient mises en ?uvre, la voix de la France serait alors plus crédible auprès de nos partenaires européens. D'abord sur notre besoin de relâcher la cible de la baisse des déficits : il serait compris comme l'indispensable investissement pour retrouver notre place dans un marché globalisé et non comme une relance qui ne résout aucun de nos problèmes structurels. Ensuite sur la nécessaire coopération européenne : dans le débat actuel sur l'hyper-compétitivité allemande et un euro surévalué, la France se donnerait de vrais atouts pour qu'une approche économique et budgétaire commune nous aide à recréer la croissance et à inverser la courbe du chômage.
 

*Jean-René Boidron est président de la commission sociale de l'association d'entrepreneurs Croissance Plus et président de DL Santé