Zone euro : et si la crise revenait... par l'Écosse ?

Par Romaric Godin  |   |  501  mots
Des militants indépendantistes écossais faisant la promotion du "Yes", le 21 septembre 2013./ Reuters
Le 18 septembre 2014, les électeurs écossais auront à faire un choix historique : demeurer dans le Royaume-Uni ou dissoudre l'acte d'Union de 1701 et faire de l'Écosse un pays indépendant. Mais quelles conséquences pour l'Europe ?

L'indépendance semble peu probable. Chez Ladbrokes, le plus grand bookmaker du monde, le « non » à l'indépendance est donné à un contre six ! Et dans les derniers sondages, le rejet d'un État écossais dispose d'une large avance de plus de vingt points.

Mais si les choses évoluaient ?

Dans un référendum, les dernières semaines de campagne sont parfois déterminantes. La part des indécis est encore forte, elle est proche de 20 % de l'électorat et, en 2011, le Scottish National Party (SNP), le seul parti important de l'ancien royaume à soutenir la cause de l'indépendance, avait glané près de la moitié des suffrages.

D'autant que, sur cette terre qui n'a jamais été favorable aux conservateurs, le discours très dur de David Cameron et la montée du parti eurosceptique et anti-immigration UKIP ne plaisent guère. Une percée de ce dernier lors des élections européennes de mai pourrait convaincre une partie de l'électorat travailliste écossais qu'ils n'ont décidément rien de commun avec les Anglais.

Une Écosse dans l'UE ?

Si l'Écosse dit oui à son indépendance, des négociations difficiles s'engageraient sur le partage de la dette et sur le maintien ou non d'une union monétaire. Durant ce processus, la confiance dans la dette britannique, dans son économie et dans la livre sera forcément plus faible. La croissance - qui reprend avec plus de vigueur que sur le continent fin 2013 - pourrait aussi être affaiblie.

Mais le plus grand défi concernera l'Union européenne. L'Écosse est une terre pro-européenne. En cas de « oui » le 18 septembre, elle pourrait demander son adhésion à l'UE en tant qu'ancienne partie d'un État membre.

Un chemin à suivre pour l'indépendantisme espagnol ?

Comment l'UE pourrait-elle refuser d'intégrer l'Ecosse alors qu'elle négocie l'adhésion de la Serbie ? Sauf que, en Europe, les dents grinceraient. En Espagne surtout, où le gouvernement catalan a promis également de tenir un référendum et pour qui un « oui » écossais serait un signal fort. Sauf si, évidemment, l'UE se montre très dure avec l'Écosse... Madrid plaidera la fermeté face à Edimbourg. D'autant que dans une Espagne en convalescence, la question de la dette est bien plus délicate qu'au Royaume-Uni.

Logiquement, un succès de l'indépendance écossaise ferait douter les investisseurs sur l'Espagne et les taux du royaume ibérique remonteraient. Mais dans ce cas, inévitablement, tous les taux des pays périphériques seraient sous pression. Car, si la Catalogne quittait l'Espagne comme l'Écosse le Royaume-Uni, la question de son maintien dans la zone euro se poserait.

Cet automne 2014 sera crucial pour le Portugal et la Grèce dont les programmes d'aide viendront à échéance en juillet. Lisbonne tentera de revenir sur le marché, Athènes de négocier un plan le plus léger possible. Un regain de tension sur les marchés replongerait ces pays dans la logique austérité-récession. La crise de l'euro sera alors relancée.