Elections européennes : réécrire cette Europe devenue illisible

Par Jean-Michel Quatrepoint, Xerfi  |   |  609  mots
Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste. / DR
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, réécrire cette Europe devenue illisible

Dans quelques mois, à fin mai, les Européens vont voter pour leurs députés européens. Vous savez, ceux qui siègent alternativement à Bruxelles et à Strasbourg. Alors, tout laisse à penser que ces élections seront l'occasion pour les électeurs, pour ceux qui se déplaceront, de manifester leur désamour à l'égard d'une Europe dans laquelle ils ne se reconnaissent plus.

Agiter l'épouvantail populiste ne sert à rien car les populistes, les hérétiques, les eurosceptiques ? peu importe les qualificatifs ? apportent peut-être de mauvaises réponses, mais ils posent les bonnes questions.

L'Europe, ses institutions, son fonctionnement, ses objectifs sont devenus illisibles

On a mené une intégration et un élargissement à marches forcées. On a réglementé à l'infini les fromages, les lampes à incandescence, tout ce qui régit notre vie quotidienne, de producteur et de consommateur.

Mais l'Europe a tout simplement oublié de construire une politique énergétique commune, une politique de défense commune. L'Union européenne a trop grandi sur les petites choses et pas assez sur les grands sujets. Si l'on veut sauver l'idée européenne, il va donc falloir revoir de fond en comble le mode de fonctionnement de l'Europe et de ses institutions.

Et trancher, une bonne fois pour toutes, entre une vision fédérale et celle d'une confédération d'États nations. Entre un fédéralisme, qui donnerait toujours plus de pouvoir à la commission. Et une autre approche qui confère le pouvoir aux conseils des chefs d'État et des ministres des nations européennes.

Actuellement, les choses ne sont pas claires, c'est le moins que l'on puisse dire

La commission agit comme un gouvernement et met bien souvent le conseil des ministres devant un choix binaire : accepter ou refuser les projets de directives. Mais, lors de la crise de l'euro, où il y avait urgence, où les intérêts vitaux des pays étaient en jeu, c'est le conseil qui a agi, et c'est même l'euro groupe.

Il existe aujourd'hui dans les cartons un projet pour aller vers plus de fédéralisme. C'est le projet évoqué il y a deux ans déjà par Angela Merkel. La commission deviendrait le gouvernement de l'Europe, avec son administration déjà tentaculaire. Le Parlement européen légiférerait et prendrait peu à peu le pas sur les parlements nationaux. Quant au conseil des ministres, il serait transformé en une sorte de Sénat représentant les États. Voilà pour le projet fédéral.

Mais il y a aussi un projet confédéral

On peut parfaitement concevoir une organisation où le conseil des ministres exerce le pouvoir sur les sujets qui sont d'un intérêt commun. Certaines compétences pourraient alors être rapatriées vers les États. Ce conseil, pour gouverner au quotidien, utiliserait les services de l'administration bruxelloise. Celle-ci serait ainsi placée sous un contrôle politique, alors qu'aujourd'hui elle s'est entièrement autonomisée et n'a aucune légitimité démocratique.

Au passage, les commissaires disparaîtraient. Quant au Parlement, son mode de désignation devrait être revu. Afin de le rapprocher des intérêts des populations. On pourrait ainsi incorporer des représentants des Parlements nationaux. Ce qui permettrait une meilleure harmonisation des textes.

Le fédéralisme était envisageable dans une Europe à six. Certainement pas à 28. Seule une confédération d'États nations, aux pouvoirs et aux contours bien définis, peut aujourd'hui sauver l'idée européenne, préserver ses acquis, et éviter de nous faire basculer dans l'inconnu.

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